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La réforme de la formation des enseignants à son tour contestée
il y a 47 min
AFP Emmanuel DEFOULOY
La réforme de la formation des enseignants est devenue à son tour la cible des mécontentements: les universités ont boycotté vendredi la remise des projets de masters nécessaire à cette réforme, alors que le ministre de l'Education Xavier Darcos a été jugé "insultant" à ce sujet.
Jusqu'alors, la mobilisation universitaire contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs avait un peu masqué la grogne grandissante contre la réforme de la formation des professeurs des écoles, collèges et lycées.
Mais des désaccords de fond entre les opposants à cette réforme et les deux ministères qui en sont chargés, Education nationale et Enseignement supérieur, ont éclaté vendredi au grand jour: sur l'aspect pratique de la formation et sur le calendrier de la réforme.
Celle-ci prévoit que les enseignants, des écoles aux lycées, soient recrutés à partir de 2010 au niveau "master 2" (bac+5) et que les néo-titulaires soient revalorisés. Elle supprime l'année de stages en alternance rémunérée en IUFM et instaure des stages en master.
Enfin, les formations incomberont aux universités et non plus aux Instituts de formation des maîtres (IUFM), à charge pour les universités de confectionner des projets de masters "enseignement".
La prise de position jeudi de la Conférence des présidents d'université a changé la donne: consciente de l'impopularité de cette réforme dans la communauté universitaire, la CPU en a demandé le report à 2011.
Aussitôt M. Darcos a repoussé cette demande. Mais, il a ajouté qu'il n'aurait pas besoin des universités et de "discussions sibyllines" pour organiser ses concours de recrutement en 2010, et que la formation actuelle était peu pratique, la comparant à un "simulateur de vol".
Les réactions vendredi ne se sont pas fait attendre: "contrevérités" et propos "méprisants" pour les présidents d'université et directeurs d'IUFM, "supéfiants", "insultants" et "scandaleux" pour le Sgen-CFDT, "indignes d'un ministre de la République" pour le Snesup-FSU.
Actuellement, un futur maître d'école effectue pendant l'année un stage devant classe d'un jour par semaine, ainsi que six semaines entières (soit 216 heures). Un futur professeur de collège ou lycée passe, lui, 6 à 8 heures en classe par semaine toute l'année (au moins 216 heures).
"Il est donc totalement mensonger de prétendre que 'de temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent' et de comparer cette formation à une simple 'simulation de vol'", ont dénoncé les présidents d'universités et d'IUFM.
Au contraire, de nombreux opposants jugent que la réforme va réduire dangereusement la formation devant une classe.
Elle prévoit des stages d'observation et de pratique accompagnée en master, des stages en responsabilité de "108 heures maximum" en master 2 pour 40.000 étudiants (120.000 ont passé les concours en 2007 pour quelque 15.000 reçus) et un "tutorat" de 3 heures par semaine la première année d'enseignement.
Mais le désaccord porte aussi sur le calendrier: la CPU demande le report à 2011, ce que M. Darcos refuse, le PS jugeant que par ce "mépris" le ministre "prend le risque d'un affrontement durable".
En effet, les universités, dans leur grande majorité, s'apprêtaient vendredi à refuser de transmettre d'ici la date limite de lundi les "maquettes" de masters nécessaires à la réforme. Des cérémonies de "non remise" de ces maquettes ont été organisées vendredi à Bordeaux et à Paris.
Vendredi soir, le délai a été repoussé au 31 mars.
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