Le temple de l’arc
Kyudo, la Voie de l’arc. Bien avant que le sabre ne devienne leur arme de prédilection, et pour ainsi dire l’ultime symbole de leur rang, les samouraïs étaient des archers. « Kyuba-no-michi », la Voie de l’arc et du cheval, est ainsi la lointaine aïeule du Bushido. Le kyudo est le plus ancien des arts martiaux japonais. Il perpétue une tradition millénaire, celle du guerrier qui embrasse le temps et l’espace en faisant corps avec son arme. Sous d’autres arcs – boutant cette fois – de la chapelle des Abbesses, au cœur de Montmartre, les cordes, les cloches continuent de vibrer, et les âmes avec elles…
La première visite ne laisse pas de surprendre : au détour d’une étroite rue pavée, une porte métallique, puis une volée de marches bétonnées, et voici que s’ouvre le tréfonds de l’église Saint-Jean de Montmartre. Point de curé ni de sacristain, ce temple singulier est peuplé de solides gaillards et de femmes redoutables, tous adeptes du fascinant kyudo. La discipline, qui ne compte que quelques centaines d’adhérents dans l’hexagone, est l’héritière du kyujutsu, l’archerie des samouraïs. S’il peut être pratiqué à tous âges, le tir à l’arc nippon demeure très exigeant physiquement en dépit des apparences. Il fait partie, aux côtés du iaïdo ou de la cérémonie du thé, de ces arts qui reflètent les mille visages subtils de la civilisation japonaise. À l’instar de ces autres pratiques encore traditionnelles, les règles de l’étiquette y sont rigoureuses, et scrupuleusement respectées. D’une beauté farouche, l’éternelle quête du geste parfait est ici sublimée par l’atmosphère unique de ce « dojo sous les croisés d’ogives ». Les tireurs décochent leurs flèches dans un silence sépulcral, que seul vient troubler le claquement sec de la corde relâchée, suivi de l’impact sourd du projectile qui frappe la cible. Moment magique entre tous, le tir à la bougie, dans l’obscurité seulement éclairée de quelques flammes vacillantes, vient parfois clore la séance.
© Arts Traditionnels et Kyudo (ATK) Paris 18°
Du fait du caractère atypique du lieu, l’azuchi, la ciblerie, n’est pas tout à fait située aux 28 mètres de distance réglementaire depuis l’aire de tir. Cela n’a toutefois qu’une incidence très modeste sur la pratique. À l’aide de leur grand arc asymétrique, absolument spécifique à l’archerie japonaise, les kyudojin effectuent leurs tirs sur trois à quatre mato, les cibles, en fonction du nombre – souvent très restreint – d’archers présents. Ils disposent en outre d’une makiwara, le grand fagot de paille destiné aux débutants ou à revoir un mouvement de manière sereine et individuelle, à bout portant. Chantal, Christian et François accueillent leurs ouailles les mardi et jeudi soir, ainsi que le samedi matin. Excellents pédagogues, ils sauront délivrer des conseils avisés fondés sur leur grande expérience. En 2004, le dojo des Abbesses a connu l’honneur d’ouvrir la cinquième édition de la « Nuit des arts martiaux du XI° arrondissement ». Souhaitons qu’à l’avenir, d’autres coups de projecteur éclairent le kyudo, magnifique discipline à tort méconnue.
Ujisato
© Arts Traditionnels et Kyudo (ATK) Paris 18°
Arts Traditionnels et Kyudo (ATK) Paris 18°
Contact : Présidente, Chantal GUYOT
1 Square de Gascogne
75020 Paris
Tél. : 06 50 43 65 34
Site officiel > www.kyudo.fr
Lieux et horaires
Église Saint-Jean-de-Montmartre
75018 Paris
Métro Pigalle ou Abbesses
• mardi et jeudi de 19 h 30 à 22 h 30 (mato et makiwara)
• samedi de 9 h à 11 h 30 (mato et makiwara)
Enseignants : Chantal Guyot, 5e dan, Christian Magnier, Renshi 5e dan.
Les kyudojins de passage seront cordialement reçus pour une pratique ponctuelle. En janvier 2008, le club regroupe 14 pratiquants.