PSA vient d’annoncer onze mille suppressions d’emploi, dont six à sept mille en France et nos journalistes de télévision d’ajouter triomphalement, mais sans licenciements. Peut-être mais, plutôt que de se gargariser sur ce point, on pourrait ne pas oublier que des suppressions d’emploi, selon toute probabilité, engendreront un accroissement du chômage.
On évite généralement de licencier en incitant le personnel à des départs volontaires ou en proposant des préretraites. La notion de volontariat des premiers est sujette à caution. Pour avoir côtoyé quelques uns de ces partis, je sais qu’il existe des moyens subtils pour les amener à quitter l’entreprise et les primes présentées comme des pactoles ne sont en fait que des pécules, que ils auraient gagnés en poursuivant leur activité un certain temps. En ce qui concerne les vrais ou faux retraités, si différents dispositifs sociaux ne les laissent pas sans ressources, on néglige le plus souvent le gâchis humain que constitue cette soudaine mise au rebut de personnes qui, jusqu’ici, se sentaient pleinement à leur place dans l’entreprise.
Une nation se doit de favoriser la promotion sociale de ses citoyens : elle a, par exemple, à faire en sorte que les enfants d’ouvriers puissent aux aussi prétendre à des emplois mieux rémunérés et plus valorisants. Ceci lui permet également de faire face avec la division du travail résultant de la mondialisation qui déplace les emplois ouvriers vers des pays où le coût de la main-d’œuvre est plus faible que dans les états les plus développés. S’il y a eu chez nous quelques efforts en ce sens, les résultats en sont encore trop limités.
Dans la plus grande partie du siècle dernier, la tradition était d’être ouvrier de père en fils : le fils de mineur descendait dans la mine, le fils de métallo entrait à l’usine. En outre, dans un bassin d’emplois de ce style, ces industriels s’efforçaient d’éviter l’implantation d’autres usines qui auraient pu faire de la surenchère sur les salaires. Du côté des travailleurs, il n’y avait pas d’incitation pour les jeunes à poursuivre des études puisque, de toute façon, le père pourrait bien faire entrer le fils à l’usine. C’est une des raisons pour lesquelles la diminution ou même la disparition de ces industries a été si douloureuse.
Mais ceci faisait vivre un modèle où, quand les anciens prenaient leur retraite, ils créaient de la place pour les jeunes. Dans le schéma actuel, on éjecte les pères plus tôt, on supprime des postes par milliers. On ne licencie pas, enfin pas ouvertement. Mais où les jeunes vont-ils trouver un premier emploi ? Nulle part.
Il y a bien sûr une solution, c’est de leur donner une formation qui leur permette de prétendre à des postes plus qualifiés. Cette solution, cela s’appelle l’éducation. Dans une situation pareille, supprimer les postes d’enseignants par dizaines de milliers, ce n’est pas une erreur, c’est un crime.