Le soucis lorsque l'on souhaite faire un titre à scandale, c'est de se couvrir de ridicule. En la matière, il faut avouer que Libération.fr frappe un grand coup aujourd'hui. Tout débute par une news publiée sur le site du journal économique Les Echos, cette dernière précise que pour l'année écoulée, les actionnaires des entreprises cotées au CAC40 se sont vu verser pour 54,2 Milliards d'Euros de dividendes.
Ni une, ni deux, le journal de gauche s'empresse de communiquer la nouvelle à son lectorat par l'intermédiaire d'un article pour le moins orienté idéologiquement et titre:
"Les actionnaires du CAC40 ne connaissent pas la crise"
Visiblement peu désabusé par l'ineptie de ce titre, le journaliste poursuit:
"Bonne année 2008 pour les actionnaires du CAC 40. Selon les Echos de vendredi, les entreprises cotées ont versé 54,2 milliards d'euros en 2008, par le biais de dividendes et de rachats d'actions. Malgré la crise économique, cela ne marque qu'un léger recul par rapport à 2007, lorsque les entreprises du CAC 40 avaient versé 57,2 milliards d'euros."
Si vous le voulez bien, étudions ensemble combien l'année 2008 fut "bonne" pour les actionnaires des sociétés du CAC40.
Depuis Janvier 2008, l'indice phare en France a cédé près de 45% tiré vers le bas par des valeurs littéralement plombées par la crise comme le furent par exemple Renault qui affiche un recul de près de 80% ou encore Peugeot 76%. Effectivemment, ce fut une grande année ! De plus ce chiffre de progression des dividendes versés cache de sérieuses différences de traitement selon les entreprises. Ainsi, Renault, Peugeot ou Société Générale affichent des nets reculs en terme de distribution de dividendes cette année par rapport à l'année passée (et cela est tout à fait normal au vue de leurs contre performances).
De plus, il est pour le moins regrettable que le journaliste soit passé à côté de cet article publié sur un site spécialisé, "La Finance pour tous" saluant l'évolution progressive de l'actionnariat salarié en France. Sait-il seulement que 15 des 40 entreprises du CAC ont un capital détenu à 3% par leurs propres salariés ? Est-il spécifié que 7 d'entre elles dépassent les 5% et que les salariés du groupe Bouygues se partagent près de 10% du capital du groupe ? Je ne crois pas. Pour tous ces salariés là, ce versement de dividende tombe bien par les temps qui courent. La gauche réclame du pouvoir d'achat ? Le marché en donne à ces milliers de salariés (Je n'ai pas eu le temps de chiffrer exactement en valeur absolue le nombre de bénéficiaire mais je devrais prochainement le faire).
A défaut de relever ces informations, le journaliste de Libération aurait peut être pu s'acquitter au moins d'une mise en perspective de l'actionnariat salarié dans le marché du travail français en précisant aux lecteurs attentifs que près de 8% de la population active française était actionnaire.
De tout cela, il n'a pas parlé. Je tiens donc à adresser mes remerciements à ce journaliste pour le travail effectué, la justesse de son analyse et sa retenue face au risque de verser dans l'article purement idéologique et démagogique. Peut être aurait-il mieux compris la chose si nous lui avions confié la gestion de titres tout au long de cette année qui restera comme la pire année sur les marchés financiers depuis 1988.