Comment se prendre le mur alors qu'on sait qu'on s'y précipite ? Voilà ce qui inquiète les analystes américains et japonais, qui n'ont plus de mots assez durs pour qualifier les plans du président américain. Un mot revient comme une litanie : il faut NATIONALISER ! Le secteur bancaire avant tout, et les Japonais ne comprennent pas, eux qui avaient attendu 10 ans avant de nettoyer leurs écuries d'Augias, pourquoi Obama tergiverse et perd du temps. L'industrie automobile ensuite : ne pas attendre fin mars que GM et les autres constructeurs reconnaissent être incapables ni de se réformer ni de rembourser l'argent prêté.
L'Amérique perd du temps, et Barack Obama l'a pourtant prévenue : nous nous approchons dangereusement du point de non-retour, au-delà duquel, comme ces sous-marins dans les films, qui gonflent les ballasts et mettent marche arrière toute, et qui pourtant continuent de s'enfoncer, la légendaire capacité de rebond des Etats-Unis ne leur sera plus d'aucun secours.
Mais comment s'étonner également, alors que les trous-du-cul du libéralisme s'accrochent à leurs fauteuils de part et d'autre de l'Atlantique, qu'il soit impossible d'admettre que le capitalisme est en bout de course ? Tocqueville, dans une apostrophe célèbre à la tribune de la Chambre des députés à la veille de la Révolution de 1848, se récriait : changez les lois si vous voulez, les hommes si vous pouvez, mais surtout, de grâce, changez l'état d'esprit.
C'est de nouveau trop tard.