Total : profits historiques

Fort de résultats records en 2008, la compagnie française affiche sa confiance face à la crise.

Jeudi, le PDG de Total Christophe de Margerie a rendu public le bénéfice record de 13,9 milliards d’euros enregistré en 2008 par le groupe pétrolier.

La récession, connais pas. La formule est peut-être provocante, mais elle résume bien l’année que vient de passer Total. Alors que la plupart des grands groupes industriels, à commencer par les constructeurs automobiles, sont frappés de plein fouet par la crise, la compagnie pétrolière affiche une santé insolente. Mieux, en 2008, elle a une nouvelle fois dégagé des bénéfices records, à près de 14 milliards d’euros.

La folle inflation du baril, qui a tutoyé les 150 dollars fin juillet, a largement dopé les profits de Total. Certes, le dernier trimestre, marqué par un point bas du brent à 35 dollars, se caractérise par un bilan plus contrasté. Mais cela n’entache pas un exercice qui fait du groupe pétrolier l’entreprise la plus rentable, et de loin, de l’Hexagone. Sachant que les autres géants du secteur - l’américain ExxonMobil en tête - ont eux aussi atteint de nouveaux plafonds.

Pas de levée de boucliers

Même si Christophe de Margerie, le directeur général de Total, s’attend d’ores et déjà une année 2009 plus difficile - le pétrole semblant aujourd’hui durablement installé sous la barre des 40 dollars le baril -, il a martelé hier que la compagnie allait maintenir la même courbe d’investissement. Soit une enveloppe annuelle de 18 milliards d’euros - en dépit du climat économique dégradé - à destination de plusieurs zones. Notamment l’Amérique du Nord, où Total cherche actuellement à prendre le contrôle du canadien UTS de manière à étoffer son portefeuille d’exploration des pétroles lourds.

« Nous travaillons sur quinze-vingt a ns . Les investissements que nous faisons aujourd’hui nous permettent ainsi de préparer l’horizon 2014-2 015 . De la même manière, notre réflexion dans le nuclé ai re vise à con solider l’avenir du groupe d’ici à 2020 » , a expliqué hier Christophe de Margerie. S’agissant de l’atome civil précisément, Total en a profité pour redire qu’il ne souhaitait pas faire de la figuration dans le projet de construction du deuxième EPR - le réacteur de nouvelle génération - en France. Autrement dit, il vise une participation de 10 % au minimum alors que les discussions avec EDF, l’opérateur de référence, et GDF Suez, également associé, n’ont pas encore commencé.

Généralement, en termes de communication, ce mois de février est toujours problématique pour Total. En effet, l’annonce de ses « superprofits » cristal­lise les reproches des associations de consommateurs - qui se plaignent notamment des prix trop élevés des carburants - et d’un certain nombre de personnalités politiques, qui militent pour une taxe exceptionnelle infligée au pétrolier. Cette fois, la levée de boucliers est beaucoup moins sévère. À cela une bonne raison : face à la conjoncture, il devient beaucoup plus difficile de stigmatiser les bonnes performances d’une entreprise française.