Métailié, 2007. 140 p
Brest, son port, sa rade, ses bars. Evoluant dans cet univers du bout du monde, le personnage central de ce court roman est confronté à une série de meurtres dont le point commun semble être le célèbre groupe brestois « last exit to Brest ». Chacun des membres qui composent le combo est décrit dans un chapitre. L’occasion de se délecter d’une tranche de vie à travers l’évocation de ses marginaux dont l’espérance de vie semble aussi courte que la tranche du livre. Les chapitres se closent par un extrait d’article du journal local, Le Télégramme, relatant un nouveau meurtre.
Décousue au départ, l’intrigue se ressert au fil des pages. On découvre des liens entre les protagonistes issus d’univers différents.
Le ton employé est proche de celui des dialogues écrit par Audiard : fleuri et drôle, imagé et efficace. Ce ton particulier est le principal attrait de « last exit to Brest ». Passé la surprise, je me suis habitué au style de l’auteur même s’il en rend la lecture parfois peu fluide. Au détour d’un paragraphe, j’ai découvert de véritables pépites, des perles d’expressions mémorables comme :
« J’étais assez lucide pour prendre le volant, mais en cas de contrôle biniou, je risquais les fausses notes : je ne me sentais pas l’âme musicienne. »
Ou
« Je tise un peu mais sans arborer sur le pif, le macaron officiel des vieux crabes de l’Arsouille. »
Il y a le titre, bel hommage à Hubert Selby Jr. Il y a le décor également que l’on appréciera d’autant plus que l’on connaît les rues pluvieuses de la cité du Ponant, ses bars bondés et bruyants, son ambiance chaleureuse et ses façades grises qui virent au noir les jours de pluie.
Il y a le rock, omniprésent, dont le rythme accompagne la lecture. Un truc de barbares pour certains, une raison de vivre pour d’autre, comme Alban Le Gall, le narrateur, gardien de sécurité, homosexuel aux amours difficiles, confident et manager du groupe. Un type comme on en a souvent croisé dans les arrières salles des bars brestois.
Et pour ceux qui souhaiteraient tout savoir du rock à Brest, il y a le livre d'Olivier Polard (par ailleurs membre du jury du concours d'écriture de nouvelles Rock).