Les jeunes à la page ?
Chaque ado va bénéficier d’un abonnement au quotidien de son choix durant l’année de ses 18 ans. But de cette mesure : fidéliser le lectorat jeune. Bonne initiative ou combat perdu d’avance ?
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La presse française est en crise. Elle peine à trouver des lecteurs et les ventes chutent. Pour y remédier, les grandes instances de la presse nationale ont décidé de se réunir. Ces Etats Généraux, sous la houlette de Nicolas Sarkozy, ont abouti à des mesures. La plus emblématique, l’abonnement gratuit au quotidien de son choix offert à toute personne de 18 ans. Et ce pendant un an. Le but de cette action est simple : renouveler le lectorat vieillissant de la presse papier et responsabiliser les jeunes.
Un souhait réalisable ?
« Je trouve que c’est une décision favorable pour les journaux », se réjouit Christophe Tézier, rédacteur en chef du Journal de l’Ile. Pour le journaliste, « cette initiative peut raviver l’intérêt des jeunes lecteurs pour l’actualité ».
Mais conquérir les adolescents s’avère une autre paire de manches. « Ce n’est pas à 50 ans que l’on devient lecteur de presse écrite, il faut vite trouver un moyen de contrer la radio et l’internet », constate-t-il lucide. Habituer les jeunes dès la majorité à lire les informations fraîches, n’est-ce pas un bon début ? Pour Christophe Tézier, « cette réforme est bonne sur le principe, mais reste à voir la pratique ». Car, sur le plan financier, des questions demeurent. Si l’éditeur paie le journal, c’est le quotidien qui offre gracieusement le portage à domicile. De quoi fragiliser un peu plus l’économie des journaux déjà mal en point… En outre, l’abonnement gratuit ne porterait que sur un exemplaire par semaine !
« Cette mesure, c’est du flan, de l’utopie », ironise Nicolas Bonin, rédacteur dans le Quotidien des jeunes. Depuis le développement de l’internet et de la presse en ligne, la donne a changé. La presse traditionnelle n’a plus l’hégémonie sur l’information. La nouvelle génération a une relation différente avec le papier. Nicolas Bonin, lui, préconise des moyens radicaux pour attirer de nouveaux lecteurs. « Il faut faire un travail en amont avec des sujets adaptés au public tout en prenant en compte la multiplicité des supports ». Son journal serait le plus lu à la Réunion chez les moins de 25 ans. Plus de 34 000 exemplaires se vendent le mercredi, habituel jour des enfants. Il admet pourtant qu’« il est difficile de mesurer le nombre d’abonnés et de lecteurs jeunes ».
Pour Prisca également, 17 ans, la mesure du président Sarkozy est inutile. « Je ne pense pas que cela serve vraiment, explique-t-elle, On ne peut pas obliger les gens à lire ». Même son de cloche chez Evelyne. « De toute façon, si l’abonnement prend fin, je n’achèterai plus le journal », reconnaît la jeune fille de 18 ans. « Je me contente de la télé, c’est moins fatiguant… »
Jérôme ROBERT
Etudiant en journalisme à Info-Com
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