Certains de mes correspondants et néanmoins amis m'accusent de trop en faire sur le maire de Louviers. S'agit-il, m'interroge un militant du PS, d'une obsession ? Un autre me rappelle que les socialistes ont gouverné Louviers en sa compagnie. Un autre encore me demande quel intérêt il peut y avoir pour la gauche à ne pas combler le fossé entre le PS et le PRG ?
Je ne répondrai pas maintenant à toutes ces questions mais je soumets à l'analyse des uns et des autres le comportement du président de la CASE à l'égard de la communauté urbaine de Rouen (CUR). On sait maintenant que Laurent Fabius, président de la communauté d'agglomération de Rouen, renonce (provisoirement ?) à créer cette CUR au prétexte légitime du refus de certains d'y adhérer empêchant la masse critique d'atteindre 500 000 habitants. Rappelons-nous le débat qui précéda la réélection de Franck Martin à la présidence de la CASE. Rappelez-vous ce que j'écrivais sur mon blog en avril dernier, je cite : « Bernard Leroy, avant d'inviter à voter pour Franck Martin, lui a demandé de jurer sur la bible (c'est une image) qu'il n'accepterait jamais cette fusion avec Rouen : « Notre agglomération ne doit pas devenir la banlieue de Rouen qui ne doit pas mettre la main sur notre cagnotte. » Le président de la CASE l'a facilement rassuré : « Je suis pour qu'on restaure le slogan vivre et travailler au pays. Notre projet est autonome et cohérent. Je ne suis pas prêt à donner la clé de notre agglomération à quelque duc de Normandie que ce soit. Je ne suis favorable ni à la fusion ni à l'intégration dans la CUR (communauté urbaine de Rouen). Et cela ni demain, ni après-demain. »
Franck Martin allait donc être élu président de la CASE et pour le devenir, il avait dû faire cette déclaration à la fois péremptoire et très imprudente. En effet, en lisant Paris-Normandie Rouen d'hier, j'ai découvert ce qui suit : « De son côté, Franck Martin (PRG) confirme : « Je n'ai jamais reçu le moindre coup de fil. Qu'aurais-je répondu ? Ce débat a eu lieu en conseil communautaire. Certains élus étaient contre, d'autres, comme moi, n'affichaient pas de position de principe. C'était ni oui ni non, mais discutons du projet et explorons toutes les pistes. » Les bras m'en tombent !
Décidément, ce garçon est vraiment imprévisible. A sa place, j'aurais reconnu m'être trompé en avril et j'aurais profité de la question du journaliste pour déclarer que la Communauté urbaine de Rouen est une bonne idée à étudier, évidemment, avec méthode et sans se presser. C'est d'ailleurs ce que je préconisais. Mais se défausser en affirmant que le débat a eu lieu et que lui-même n'était « ni pour ni contre » est une contre-vérité absolue qui mériterait une bonne fessée (c'est une image).
L'approche du maire de Louviers-président de la CASE, a pu changer au fils des mois. Peut-être l'influence de Mme Morin-Dessailly, sénatrice Nouveau centre et amie de Pierre Albertini, ancien maire de Rouen très favorable à la constitution de la CUR, a-t-elle contribué à ce changement de pied. L'anti-socialisme primaire du président départemental du PRG et, surtout, la volonté de satisfaire les maires de droite de la CASE — qui ont ensuite voté pour lui — auraient donc conduit Franck Martin à dissimuler sa pensée profonde ? Mettre en évidence de si grandes contradictions n'est pas une obsession. J'en fais juges mes lecteurs.