Madagascar : il faut sauver la démocratie
Depuis trois semaines, Madagascar est en proie à une crise politique grave et pleure une centaine de morts. A La Réunion, la communauté malgache appelle à la manifestation. 3 questions à Phillippe Andriantavy, du collectif pour Madagascar.
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Quel est le sentiment de la communauté malgache réunionnaise suite au drame qui frappe Tananarive et Madagascar ?
La majorité des 140 000 Malgaches résidant en France sont dans l’île. Ils sont très inquiets. Certains ont de la famille qui a manifesté samedi dernier, lorsque la garde présidentielle a tiré sur la foule. Evidemment, ils craignent pour la vie de leurs proches. De plus, comme la plupart des autres Malgaches, à mon sens, ils n’ont pas voulu de cette violence. Cette insurrection n’est pas le fruit d’un mouvement spontané, elle a été instrumentalisée par des fauteurs de trouble. Pour ces raisons, nous organisons dimanche une marche solennelle à Saint-Denis. Tous ceux qui le souhaitent peuvent venir au rendezvous à 14h, devant l’ancien hôtel de ville, pour rejoindre le Barachois.
Quelles sont, selon vous, les raisons de ce soulèvement et des violences ?
Je trouve que les médias ne regardent pas assez du côté de Paris, où est actuellement Didier Ratsiraka (ancien président). C’est suite à la diffusion de l’interview de l’ancien dictateur que tout a commencé. Il est vrai que le président Ravalomanana n’est pas exempt de reproches et qu’il a commis certaines dérives. On lui a reproché l’achat de son avion, et la location de terres aux Coréens. Cela dit, ce que Andry Rajoelina a accompli samedi est une tentative de coup d’Etat. Le maire de Tananarive n’a aucune légitimité pour conquérir le pouvoir. D’ailleurs, il va chercher ses partisans dans les bas-fonds de Tana. Il n’en a que très peu.
Comment envisagez-vous l’avenir pour la Grande Ile ?
Je suis assez pessimiste. Le maire de Tana et le président n’ont pas l’air de vouloir entamer des discussions. Il faudrait que la communauté internationale durcisse le ton. A Madagascar, l’armée est omniprésente, elle pourrait faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre. Autrement, un référendum permettrait à la totalité du peuple malgache de s’exprimer. Il faut sauver la démocratie ! Le Collectif demande l’aide de la France qui a toujours eu des relations privilégiées avec l’île. Nous avons d’ailleurs remis au préfet une demande en ce sens. La France serait le médiateur idéal pour régler la situation. Si toutes ces tentatives échouent, ce sera la guerre civile et le retour du dictateur Didier Ratsiraka.
Julien SARTRE
Etudiant en journalisme à Info-Com
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