Ce matin 12 février sur France Info, Martin Hirsch, interrogé sur l'éventuelle création d'un RSA pour les jeunes de moins de 25 ans, a livré une réponse plus qu'ambigüe.
Le 14 janvier dernier, dans une interview au Monde, Martin Hirsch, tout juste nommé Haut commissaire à la Jeunesse, évoquait l’éventuelle création d’un RSA pour les jeunes de moins de 25 ans (qui en sont exclus, de même qu’ils étaient exclus du bénéfice du RMI) en ces termes sibyllins : « les parlementaires ont donné leur accord pour tester différentes pistes mêlant travail, formation, allocation et accompagnement ».Ce matin 12 février 2009 sur France Info, Hirsch était de nouveau interrogé sur le sujet. « Les jeunes sont celles et ceux qui ont le taux d’activité le plus faible même quand ça va bien, celles et ceux qui sont rarement indemnisés par le chômage (…) » a-t-il expliqué. Ce qui a naturellement conduit la journaliste à lui poser la question qu’il attendait : « Pourquoi pas un RSA jeunes ? ». Réponse : « Ça ne sera pas le RSA tel qu’il est fait, tout le monde en convient, parce qu’il ne faut pas sortir du système scolaire pour rentrer dans le RSA. Mais ce sera autre chose : avec Brice Hortefeux et Christine Lagarde on a entendu ce que les syndicats avaient à nous dire. On travaillera à marche forcée pour trouver le plus rapidement quelque chose qui permette aux jeunes d’accéder à l’autonomie. Emploi, revenu, formation, il y a quelque chose à faire, vite en période de crise, pour résoudre un problème qui existe depuis vingt ans ».Alors, RSA jeunes ou pas RSA jeunes ? La réponse de Martin Hirsch est pour le moins ambiguë. Car le « problème qui existe depuis vingt ans » qu’il évoque, c’est que les moins de 25 ans sont exclus du bénéfice du RMI (créé précisément il y a 20 ans). Résoudre ce problème comme se propose de le faire Hirsch, c’est donc peu ou prou mettre en place un RSA Jeunes. D’ailleurs, « l’autonomie » pour les moins de 25 ans dont parle le Haut commissaire, ça ressemble quand même furieusement… à un RSA-jeunes. Et, partant, à une grosse erreur. Certes, la mise en place d’un revenu minimum pour les jeunes peut, à très court terme, garantir un semblant de paix sociale en temps de crise, et éviter au gouvernement d’avoir à gérer — sa pire crainte —une crise semblable à celle qu’a connue la Grèce en décembre dernier. Mais cette brève paix sociale se paiera bien plus cher que ce que peut coûter un RSA jeunes. Son prix, c’est celui de l’intégration (ou du moins de ce qu’il en reste, et qui mérite d’être sauvé). Donner quelques centaines d’euros mensuels à des jeunes, en sachant pertinemment que c’est trop peu pour vivre, mais parfois trop pour avoir envie de se casser le train, revient à les payer pour qu’ils continuent à tenir les murs de leurs cités sans faire de vagues. C’est créer une catégorie de jeunes qu’on rétribue pour ne plus les voir. Ni sur le marché du travail, ni ailleurs. Philippe MARX - Agir ! Réagir !