Dors, mon bébé, dors

Les mamans ont des pouvoirs magiques;
Du moins, c'est ce que croient les enfants.
Nos bisous magiques ont la capacité de faire disparaître n'importe quel bobo. C'est grâce à des dons surnaturels que nous savons, par avance, ce que nos bouts de choux ont envie de manger, ont envie de faire. On sait toujours ce qui leur ferait plaisir, on reconnaît les premiers signes annonciateurs d'une maladie... On connaît les endroits précis pour faire des chatouilles qui déclenchent des fous rires, on embrasse toujours nos enfants là où c'est si bons... Oui, les mamans ont des pouvoirs magiques.
Et puis, il y a des pouvoirs magiques qui disparaissent, quand nos bébés deviennent des enfants.
Quand ils n'étaient que des nourrissons, ils s'endormaient régulièrement dans nos bras, repus, un sourire d'ange sur le visage. Et puis, ils ont grandi. Doucement et rapidement, à la fois. Ils ont commencé à manger seuls, ils n'ont plus eu besoin de nous pour faire leur renvoi (et on n'a plus eu besoin de se changer dix fois par jour !) et petit à petit, ces moments où nos enfants s'endormaient au creux de nos bras sont devenus plus rares.
Sauf quelques soirs, où les cauchemars viennent visiter les nuits de nos petits, où les orages grondent fort, où le besoin d'un câlin est presque vital; on se retrouve alors dans une position improbable, avec notre enfant contre notre coeur, au creux de nos bras. De petits bisous en mots rassurants, le sommeil revient prendre avec lui notre enfant, rassuré. On retrouve le sourire d'ange qu'il avait quand, s'endormir contre nous, était une habitude. On re découvre cette expression de calme et de sérénité qu'ont ceux qui n'ont comme souci que la couleur de leurs coloriages.
Et on se rend compte que nous n'avons pas perdu de nos pouvoirs magiques : on a encore cette vertu apaisante avec nos enfants. Notre seule présence les calme, leur redonne confiance et leur permet de regagner le pays des songes, sans peur. Une caresse dans les cheveux, un baiser, un mot doux et leurs craintes s'effacent. On est là. Ils le savent. Et ça leur suffit.
C'est dans ces moments-là que nous, parents, on croirait presque à nos pouvoirs magiques, parce qu'on se sent plus forts que tout, parce qu'on se sent invincibles. On aimerait presque que ces moments où on regarde la chair de notre chair dormir contre notre poitrine ne s'arrêtent pas : la régularité de leur respiration, la chaleur de leur souffle contre nous, leur main qui tient la nôtre, leur sourire angélique, leurs cils délicatement joints... On serait prêt à tout donner pour que rien ne vienne troubler ce moment de béatitude...
C'est magique d'être parent...