Le Domaine du Mas Saint Joseph fait partie du vignoble des Costières de Nîmes, dernier terroir de la Vallée du Rhône, le plus au sud puisqu’il jouxte la petite Camargue.
Situé sur le plateau de Meynes à 12 Km au sud du Pont du Gard, et à 70 m au-dessus du niveau de la mer, le Mas est entouré de 18 ha de vignes d’un seul tenant, depuis 1971. Le terroir est constitué de gros « Gress » ou galets du Rhône et de la Durance. L’altitude favorise un ensoleillement maximum, et avec le Mistral, un assèchement optimum des raisins lors de fortes pluies. Le sol composé de terres jaune et brune et de gros galets roulés affleurantspermettant un drainage idéal, l’état sanitaire semble parfait, si parfait que l’on pourrait suggérer que la Nature autorégule le cycle végétatif de la vigne, tant les traitements et leurs fréquences sont quasi inexistants !Ainsi Philippe Béraud, le maitre d’œuvre du Domaine, peut-il vinifier Grenache, Carignan, et Syrah dans leur plus simple appareil: la cuve béton !*
Au Mas Saint Joseph, le raisin est mis en bouteille pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il pourrait être. Le choix de ne pas utiliser de fûts ou de barriques est tout à fait légitime si l’on considère que des raisins à maturité issus de vignes de plus de trente ans et dotés d’un état sanitaire irréprochable sont aptes à donner le meilleur d’eux-mêmes et de leur socle privilégié : leur terroir. C’est pourquoi les cuvées, rouges notamment, du domaine reflètent parfaitement la signaturede leur auteur.
En retrouvant Philippe à Paris, en novembre dernier, je me suis dit qu’un retour vers le passé récent (2001) m’apparaitrait plus pertinent que jamais afin de redécouvrir la cuvée qui m’avait révélé le domaine il y a sept ans : « Aventure ».
C’était à Paris, au cours d’une dégustation de vins de Costières de Nîmes… après une multitude de vinsrencontrés, je m’avançai vers Philippe qui, entre sa barbe, me narrait l’histoire du domaine et défendait son « éthiquette » personnel de vigneron. Tout en l’écoutant je me gargarisais des cuvées rosé et blanc, puis de la croquante cuvée « les Cyprès ». Enfin, alors que son discours concordait avec ce que je buvais, je tentais « L’Aventure 2001» ! Rapidement celle-ci commençait à me titiller les papilles. Cette Syrah ! Elle avait tout d’une sudiste en villégiature, mais après son passage elle vous alanguissait d’une fraîcheur tout à fait inédite ! Je lui promettais un bel avenir !
Le temps passa, suffisamment pour m’interroger sur le potentiel de garde de cette cuvée, en sachant que 2001 avait été un superbe millésime, mais connaissant aussi la garde «relative » d’un Costières de Nîmes classique ! (5 à7 ans). Enfin, tout arrive à qui sait attendre selon l’adage, et me voici aujourd’hui, assez fier d’avoir dégusté/vécu en un après-midi, quatre « Aventure » sans avoir eu la sensation d’avoir été trompé sur la marchandise, car de 2006 à 2001 en passant par 2004 et l’atypique 2003, « l’Aventure » s’est révélée dans toute sa fraîcheur. De plus, elle a distillé sobrement et rigoureusement les caractéristiques de chaque millésime, afin de nous en donner plus qu’un aperçu ; un souvenir palpable !
Je ne saurais que trop conseiller à chacun d’en conserver quelques bouteilles dans sa cave, ou chez un ami, pour éviter de les boire trop tôt ! Et de tenter « Les Cyprès » afin de vous donner une juste idée de la qualité du terroir comme du maître d’œuvre !
Un grand merci à Philippe pour sa générosité et sa disponibilité.
Christophe Guitard
*vinifications en rouge: foulage et égrappage, levures indigènes, contrôle des températures, macération et élevage en cuves béton, filtration légère sur plaques
PS: retrouvez demain le compte-rendu de la dégustation verticale de la cuvée "l'Aventure", par Christophe.