Bien que Christine Lagarde annonce des discussions "sans tabou", Eric Woerth de son côté n'envisage pas de laisser une fois de plus filer le déficit de l’État annoncé pour 2009 qui devrait représenter à quelque chose près 80 milliards.
C'est toutefois dans ce contexte que le Président a décidé de mettre fin à la taxe professionnelle. Cette taxe qui constitue aujourd’hui une recette (et donc une perte à terme) de l’ordre de 29,4 milliards d’euros pour les collectivités bénéficiera aux entreprises sans aucune contrepartie.
Comment sera financée cette perte de recettes ?
Le Premier Ministre nous l'explique sur le site du gouvernement : "... / ... Pour les collectivités locales, la suppression de la taxe professionnelle sur les investissements se traduira par une perte de recettes. Cette perte de recettes sera compensée. Les modalités de cette compensation seront arrêtées après que le comité présidé par Edouard Balladur sur la réforme des administrations locales aura remis ses propositions"
Traduction : On a lancé la suppression de cet impôt sans avoir la moindre idée de par quoi on va le remplacer. Il ne fait nul doute que le chantre du travailler plus pour gagner plus et auto proclamé Président du pouvoir d'achat va nous concocter une nouvelle taxe "grand public" pour couvrir la dépense.
Le chômage s'amplifie et le gouvernement et même Xavier Bertrand au nom de l'UMP demandent un effort citoyen aux entreprises (dont beaucoup continuent a faire des résultats positifs).
La réponse du MEDEF ne s'est pas faite attendre : "La présidente du Medef, Laurence Parisot, a proposé ce jeudi aux organisations syndicales d'entamer une "délibération sociale", moins formelle qu'une négociation, sur une nouvelle modernisation du marché du travail, qui pourrait inclure une réforme du droit de licenciement. L'objectif, selon "Le Figaro", serait triple: rendre les licenciements économiques plus rapides, les sécuriser juridiquement pour limiter les recours devant les prud'hommes et permettre aux entreprises de licencier avant même d'être en difficulté financière.
Jamais à court de bons mots, ni d'humour, elle a ajouté : " ... / ... que les entreprises françaises se montraient "admirables" dans la crise. "C'est dur, mais on tient le coup. Et qu'on ne vienne pas nous dire que nous profiterions de cette affreuse tempête, de ces vents adverses, pour délocaliser ou licencier" pour finir par ce court monument de cynisme : "elle a appelé l'Etat à "laisser l'entrepreneur entreprendre" et à "ne pas s'immiscer" dans la gestion des entreprises" - Source La Tribune
Si ce n'est pas un effort citoyen ça !!!
Brice Hortefeux le nouveau Ministre du travail a beau exhorter le patronat en ces mots : Il entend que le Medef s'implique dans "l'effort de mobilisation" face à la crise actuelle. "Je souhaite que le Medef, comme l'ensemble des partenaires sociaux, ait pleinement conscience de la gravité de la crise mondiale et participe à l'effort de mobilisation de tous les acteurs"
Mais reste ferme sur le bouclier fiscal : Le ministre du travail émet également une fin de non recevoir sur la suppression du bouclier fiscal et l'abandon des mesures sur les heures supplémentaires, demandée par les syndicats : "Les mesures que nous examinons sont d'une autre nature."
Lesquelles ? Mystère et boules de gomme !!!
Pour une fois, Martin Hirsch, se rappelant qu'il a eu une vie à gauche avant de rejoindre le gouvernement, propose que les allègements de charges soient conditionnés aux efforts faits par les entreprises pour réduire les écarts de salaires, M. Hortefeux assure que "cette proposition n'a pas été évoquée lors des réunions qui se tiennent au ministère du travail."
Alors heureuse Laurence ?
Alors que va faire le MEDEF à la réunion du 18 février ?
La réponse est simple et en forme de chiffon rouge qu'on agite devant le taureau :
La présidente du Medef, Laurence Parisot, s'est tout d'abord réjouie jeudi de l'annonce du bénéfice record du groupe pétrolier Total, à 13,9 milliards d'euros pour l'année 2008. «C'est une formidable, bonne, nouvelle et nous avons besoin de bonnes nouvelles. Total est la plus grande entreprise française, c'est un des plus grands champions du monde parmi l'ensemble des entreprises globales, mondiales» «C'est une excellente nouvelle de voir nos entreprises gagner de l'argent» pour ajouter à l'intention des syndicats de salariés et du gouvernement : "Je ne sais pas si c'est une négociation. Je n'ai pas entendu qu'il s'agissait d'une négociation. Sur quoi ? Sur quels sujets ?"... / ... "il est très bon que nous nous rencontrions tous, gouvernement organisations syndicales et représentants des employeurs d'abord pour tenter de partager un diagnostic sur la situation"
Dans le même temps, le MEDEF Guadeloupe déclare dans une interview au Monde :
Comment réagissez-vous aux refus de François Fillon de financer les 108 millions d'allègements de charge demandés ?
Willy Angèle : Je suis surpris. Le problème que nous traitons est grave, il s'agit du différentiel de pouvoir d'achat entre la métropole et la Guadeloupe sur les produits de première nécessité. Je ne vois pas comment les entreprises guadeloupéennes pourraient financer à elles seules une augmentation des 41 000 bas salaires de l'île, pour 108 millions d'euros, alors que le bénéfice dégagé par l'ensemble de ces entreprises est de 100 millions d'euros. Nous ne pouvons pas faire face à cette situation seuls, nous n'en avons pas les moyens financiers.
En clair, le MEDEF se fout de la gueule de la nation entière tout en essayant de limiter la part des profits et donc de ses actionnaires. Que diront les ministres concernés et le Président à l'issue de cette mascarade ?
Qu'ils ont réunit les partenaires sociaux qui n'ont pu trouver d'accord et en profiteront pour botter en touche. décidément, il va vraiment falloir que l'ensemble des salariés réagissent, et pas seulement sur une ou deux journées revendicatives. Seule la grève générale de 1968 avait fait céder les organisations patronales.
Cette fois-ci, il va falloir cesser d'avoir peur de débrayer ou de manifester, car celui qui a aujourd'hui un emploi est potentiellement chômeur à court terme et sait parfaitement qui accélère le mouvement.
Dites Madame Parisot, vous qui avez si souvent le mot respect à la bouche, lorsqu'on voit comment le MEDEF essaye de faire porter aux salariés, et à eux seuls, le poids de la crise, peut on encore parler de respect ?
Votre MEDEF, Madame, a remis au goût du jour la lutte des classes, il devra en payer immanquablement le prix et vous avec !!!
Crédit et copyright image
Fanch
Sources et crédits
La Tribune
Le Monde
Le Figaro
Libellés : chomage, emploi, gouvernement, medef