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Loco Locass - Amour Oral (2005)

Publié le 12 février 2009 par Oreilles
Vous êtes prévenus, vous entrez ici en terres indépendantistes québecquoises.
Fédéralistes, libéraux et autres atlantistes, passez votre chemin, les Loco Locass ne feront pas de quartier. En effet, les trois garçons (Batlam, Biz et Chafik), pionniers de la scène rap joual des années 90, assènent depuis une quinzaine d'années leurs textes rageurs et revendicatifs, égratignant au passage la classe politique de leur pays et tous les suppôts du grand capital. Parmi leurs thèmes de prédilection, l'indépendance évidemment, la défense de la langue française, mais également d'autres sujets d'actualité ou de portée plus universelle. Un dénominateur commun à tout cela, une fougue et une verve sans pareil, supportées par des instrus léchés et entraînants. En attendant leur nouvel album prévu pour 2009, petit retour sur leur dernière production en date, Amour oral, sortie il y a quatre ans déjà.

Le ton du disque est donné dès les premières minutes par un extrait sans équivoque d'une interview du réalisateur québecquois Pierre Falardeau, un des maîtres du cinéma direct nord-américain connu pour son engagement au sein du Mouvement de libération nationale du Québec (MLNQ). “Le Québec, c'est un pays conquis et annexé par la force... conquis par la force des armes en 1760.... annexé par la force avec l'Acte d'union en 1840... la Confédération c'est juste la suite de l'Acte d'union... Donc le peuple québecquois est un peuple soumis, un peuple vassalisé, un peuple inféodé à un autre”. L'introduction est sans ambiguïté, l'album-manifeste annoncé.

S'en suit une série de morceaux où les têtes de Turcs habituelles du groupe en prennent pour leur grade. “Résistance”, “W Roi”, “Antiaméricanisme primaire”, “La censure pour l'échafaud” ou encore “Libérez-nous des libéraux”, les titres parlent d'eux-mêmes et, sans surprise, le registre est éminemment politique. La triplette de rappeurs n'en oublient pas pour autant de s'accorder quelques intermèdes plus rigolards comme avec “Banzaïon”, délire cannabique potache, mais la dominante reste engagée et revancharde.

Je vous l'accorde, il faut s'accrocher pour saisir les paroles des Loco Locass, balancées à vitesse supersonique et truffées d'expressions québecquoises étrangères à nos gauloises oreilles. Ceci dit, les trois mectons ont le don de confectionner des mélodies imparables qui s'ancrent instantanément dans nos têtes. “Libérez-nous des libéraux”, titre phare du disque et charge frontale contre les gouvernements de Jean Charest et du “pdg du Canada” Paul Martin (tous deux membres du Parti libéral du Canada), en est une illustration parfaite. Le flow des rappeurs est totalement ravageur, sans répit. Les instrumentaux, composés à six mains, d'une efficacité redoutable et gravement agités du bocal. Le refrain, quant à lui, phagocyte le cerveau en deux coups de cuillère à pot. Le morceau s'achève sur une touche franchouillarde, une constante chez les Loco Locass, par une gigue francophile kitschouille.

Les amateurs de rap déconnard et politisé seront en joie à l'écoute de ce disque, les autres n'auront qu'à se laisser entraîner par la gouaille des trois Québecquois et leurs instrumentaux rebondissants et revigorants. Espérons que les garçons réussiront le difficile pari de se renouveler pour leur prochain album. Aux dernières nouvelles, ils se seraient fait voler les masters de ce nouveau projet, cela ne pouvait arriver qu'à ces drôles de zigs de Loco Locass...

En bref : Débraillé, potache et politique, un ovni rap en provenance du Québec. Le genre de disque que vous n'écoutez que trop rarement.

Le myspace et le site web des Loco Locass

Libérez-nous des libéraux.mp3

“La censure pour l'échafaud” :



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