La migraine est une forme particulière de céphalée ou mal de tête. Elle se distingue notamment du mal de tête « ordinaire » par sa durée, son intensité et par différents autres symptômes. La migraine commence souvent par une douleur ressentie d'un seul côté de la tête ou localisée près d'un oeil. La douleur est souvent perçue comme un élancement ou des pulsations dans la boîte crânienne. La migraine peut aussi affecter la vision et entraîner des nausées et des vomissements.
Particularité surprenante, certaines migraines sont précédées de manifestations physiologiques qu'on regroupe sous le nom d'aura. Les auras sont des effets visuels qui peuvent prendre la forme d'éclairs lumineux, de lignes aux couleurs vives ou d'une perte de vue temporaire. Dans certains cas, le patient se sentira affaibli ou aura des difficultés d'élocution. Au bout de 15 à 30 minutes, ces symptômes disparaissent, puis ils sont habituellement remplacés par ceux de la migraine proprement dite.
La fréquence des crises de migraine varie beaucoup d'un individu à l'autre. Certaines personnes en ont quelques-unes par année, tandis que d'autres en ont trois ou quatre fois par mois. Dans certains cas, les crises peuvent survenir plusieurs fois par semaine, mais rarement chaque jour.
On estime que 10 % à 20 % de la population est touchée par la migraine en Amérique du Nord et dans le monde, ce qui en fait un syndrome passablement répandu.
Les mécanismes de la migraine
Bien que la migraine ait fait l'objet de nombreuses études scientifiques depuis une centaine d'années, on connaît encore mal son mode de fonctionnement exact. On croit qu'elle serait causée par un gonflement et une inflammation des vaisseaux sanguins qui enveloppent le cerveau. Il semble qu'une baisse de sérotonine jouerait un rôle important à cet égard. Lorsque le taux de sérotonine baisse, les vaisseaux se dilatent, et des messages de douleur sont envoyés au cerveau. Le gonflement des vaisseaux pourrait aussi être causé par une déficience en magnésium.
Cela dit, faute de comprendre à fond les mécanismes de la migraine, on en connaît tout de même de mieux en mieux les éléments déclencheurs (voir Facteurs de risque) et les moyens de la combattre.
Symptômes
Une migraine est habituellement précédée de quelques signes précurseurs, qui varient d'une personne à l'autre.
L'aura
Chez un petit nombre de personnes, les migraines sont précédées d'une aura. Ce phénomène de nature neurologique dure de 15 à 30 minutes, puis l'aura est habituellement remplacée par la migraine. Le patient sait donc à l'avance que, dans quelques minutes, il aura très mal à la tête. Toutefois, il arrive aussi que l'aura ne soit pas suivie de la migraine. Les principaux symptômes de l'aura sont les suivants :
- des effets visuels (des éclairs lumineux, des lignes de couleurs vives, un dédoublement de la vue);
- une perte de vision temporaire d'un oeil ou des deux yeux;
- une impression de faiblesse;
- des difficultés d'élocution.
Signes précurseurs courants
- Une difficulté à s'exprimer par la parole ou l'écrit.
- Des bâillements excessifs.
- Une raideur au cou.
- Des émotions à fleur de peau.
- Une sensibilité accrue au bruit, à la lumière et aux odeurs.
Principaux symptômes
Voici les principaux symptômes de la migraine. En général, ils durent de 4 à 72 heures.
- Un mal de tête plus intense et plus durable que les maux de tête ordinaires.
- Une douleur localisée, souvent concentrée sur un oeil.
- Une douleur lancinante, des élancements, des pulsations.
- Des nausées et des vomissements (souvent).
- Des changements dans la vision (une vue brouillée, des points noirs).
- Une congestion nasale.
- Une sensation de froid ou des sueurs.
Personnes à risque
- Les personnes qui souffrent de la migraine hémiplégique familiale, forme rare de cause génétique.
- Les gens dont les parents souffrent ou ont souffert de migraines ont plus de risques d'en souffrir à leur tour.
- Les femmes. Les migraines touchent presque deux fois plus de femmes que d'hommes. On pense que les transformations hormonales pourraient avoir un effet déclencheur puisque les deux tiers des femmes touchées par le syndrome en souffrent uniquement pendant leurs menstruations.
Remarques
- Les crises de migraine sont plus importantes à partir de la puberté et elles disparaissent souvent à la ménopause.
- Les migraines sont plus intenses pendant les premiers mois de la grossesse, mais ont tendance à disparaître dans les deux derniers trimestres chez 70 % des femmes.
- Chez les hommes comme chez les femmes, les premières crises apparaissent durant l'enfance ou le jeune âge adulte. Au-delà de 40 ans, les migraines se font plus rares et elles disparaissent souvent après 50 ans.
Facteurs de risque
Les facteurs suivants sont connus pour déclencher une crise de migraine. Ils varient d'une personne à l'autre. Chaque personne devrait apprendre à reconnaître les éléments qui provoquent sa migraine.
Les déclencheurs d'origine non alimentaire
Différents facteurs d'ordre personnel ou environnemental ont été identifiés comme des déclencheurs par les gens qui souffrent de migraine. Par exemple :
- le stress;
- relaxer après une période de stress;
- la faim, jeûner ou sauter des repas;
- la modification des habitudes de sommeil;
- la modification de la pression atmosphérique;
- la lumière vive ou les bruits forts;
- faire trop ou pas assez d'exercice;
- le parfum, la fumée de cigarette ou des odeurs inhabituelles;
- certains médicaments, dont les analgésiques;
- les contraceptifs oraux ou l'hormonothérapie substitutive.
Les déclencheurs d'origine alimentaire
L'alimentation semble jouer un rôle important dans le déclenchement des migraines. Environ 15 % à 20 % des gens qui souffrent de migraine indiquent que certains aliments sont à la source de leurs attaques. Les aliments les plus souvent cités sont les suivants :
- l'alcool, et plus particulièrement le vin rouge et la bière;
- les fromages vieillis;
- le chocolat;
- le yogourt;
- les aliments fermentés ou marinés;
- le glutamate monosodique;
- l'aspartame;
- la caféine (ou le manque de caféine).
Ces aliments sont en quelque sorte des classiques du déclenchement des crises de migraine. Mais, selon certains auteurs (dont le naturothérapeute J.E. Pizzorno), les allergies alimentaires pourraient aussi être à la source des migraines. Évidemment, le fait de mieux connaître les aliments qui déclenchent la migraine constitue une façon naturelle et logique d'aborder le problème. Par contre, cette approche demande plus d'efforts et de discipline, notamment parce qu'il faut découvrir les aliments problèmes. Pour ce faire, le fait de tenir un journal des migraines est certainement un bon point de départ (voir section Prévention). Il peut également être utile de consulter un spécialiste de la nutrition.
Le mystère demeure...
Pourquoi des facteurs aussi diversifiés que la consommation de fromage et la pression atmosphérique peuvent-ils déclencher les migraines? La science n'a pas de réponse précise à cette question. C'est pourquoi on parle parfois de la migraine comme d'un syndrome plutôt que comme d'une maladie.
Prévention
Le but des actions préventives est de réduire le nombre et la fréquence des crises de migraine, d'améliorer la qualité de vie des personnes qui ont des migraines importantes, et de réduire les besoins en médication. L'approche préventive est essentielle pour parvenir à mieux contrôler ses crises de migraine, et parfois même, à les éliminer.
Tenir un journal des migraines
Pour prévenir la migraine de façon naturelle, la première étape qui s’impose est de découvrir le ou les éléments qui déclenchent les crises. Pour ce faire, on recommande de tenir un « journal des migraines » où l’on consignera les circonstances entourant l’arrivée de chaque migraine. Il faudra noter tous les aliments consommés dans les dernières 24 heures, les symptômes, sa situation psychologique (stress, relaxation après le stress, etc.), les conditions extérieures (lumière vive, bruits, etc.). Consigner aussi toute autre information qui semble pertinente.
Il peut aussi être très utile de noter les petits symptômes, même s’ils semblent anodins, qui précèdent la crise de migraine. En effet, comme on le verra plus tard, il est plus facile de combattre la migraine si on agit dès l’apparition des symptômes précurseurs.
En découvrant les produits ou les situations qui déclenchent la migraine, beaucoup de gens réussissent à réduire ou à éliminer presque complètement les crises.
Approches médicales
Médicaments de synthèse
Les médicaments dits « prophylactiques » ont pour but d'empêcher une crise de migraine de survenir. Ils ne sont habituellement prescrits qu’aux gens qui souffrent de migraines fréquentes, c’est-à-dire plus de deux ou trois fois par mois. En effet, il serait sans doute déraisonnable de consommer quotidiennement un médicament uniquement pour éviter trois ou quatre crises de migraines par année. Il faut savoir que certains médicaments ont des effets secondaires et que leur efficacité à long terme n’est pas garantie. Toutefois, pour les personnes souffrant de migraines graves et fréquentes, les médicaments prophylactiques peuvent être une bénédiction. Les médicaments les plus couramment prescrits par les médecins sont les suivants :
- les bêta-bloquants (propranolol) et inhibiteurs calciques pour améliorer l'irrigation sanguine;
- les antidépresseurs tricycliques à faible dose;
- la vitamine B2 (riboflavine) pour combler certains manques des cellules cérébrales chez les personnes souffrant de migraines fréquentes.
Recherches sur le Botox. L'utilisation d'injections de Botox pour prévenir les migraines est à l'étude. Le Botox, une toxine bactérienne notamment utilisée pour réduire les effets du vieillissement de la peau, aurait pour effet de relâcher les muscles tendus de la tête et du cou.
Important. Certaines maladies, comme le lupus, l'hypertension, la maladie de Raynaud, les maladies de la thyroïde et d'autres débalancements hormonaux peuvent augmenter la fréquence et la gravité des crises de migraines. En contrôlant ces affections par un traitement adéquat, il arrive que les migraines disparaissent complètement.
Traitements médicaux
Tous les traitements, quels qu’ils soient, seront plus efficaces à soulager la douleur si on les applique dès l’apparition des signes précurseurs de la migraine. Ainsi, l'aspirine, l'ibuprofène (Advil®, Motrin®, etc.) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens en vente libre seront souvent suffisants pour casser une crise de migraine légère si on les prend dès l’apparition des premiers symptômes.
Si les médicaments en vente libre ne suffisent pas, les médecins peuvent proposer une vaste gamme de produits plus puissants conçus pour s’attaquer à la migraine. Par exemple, les médicaments de la classe des triptans. Les sumatriptans (Imitrex®) ont été les premiers à être créés. Ces médicaments ont l'inconvénient de provoquer chez certaines personnes des nausées, des étourdissements, de la faiblesse musculaire, et parfois des problèmes cardiovasculaires. Depuis, d'autres triptans plus efficaces et comportant moins d'effets secondaires ont fait leur apparition sur le marché. Parmi ceux-ci, le rizatriptan (Maxalt®), le naratriptan (Amerge®) et le zolmitriptan (Zomig®). Les triptans miment l'action de la sérotonine et provoquent la constriction des vaisseaux sanguins. Certains sont sous forme de vaporisateurs nasaux, d’autres sous forme de comprimés. Pour les cas les plus graves, il sera parfois nécessaire de recevoir un médicament encore plus puissant, par voie intraveineuse. Un autre médicament, l'ergotamine (Ergomar®, Cafergot®), est aussi prescrit pour aider à diminuer les douleurs.
Les gens qui ne subissent que quelques crises de migraine par année peuvent sans doute consommer des médicaments à l’occasion sans trop s’inquiéter. La situation est différente pour ceux qui souffrent de migraines fréquentes. En effet, de nombreuses études indiquent que, d’une part, les médicaments peuvent perdre leur efficacité si on en consomme une grande quantité annuellement et, d’autre part, qu’ils peuvent même entraîner une augmentation de la fréquence des migraines. Les gens qui ont des crises de migraine fréquentes ont donc intérêt à privilégier une approche préventive pour diminuer leurs symptômes.
Conseils en cas de crise
- S'allonger dans une pièce sombre et calme.
- Mettre une compresse froide sur son front.
- Se masser le cuir chevelu.
- Exercer une pression sur ses tempes.
Attention à certains symptômes
En cas de changements notables par rapport aux symptômes habituels de migraine, il est recommandé de voir un médecin, surtout si :
- les migraines sont de plus en plus douloureuses;
- elles empirent en faisant de l’exercice, pendant les relations sexuelles, en éternuant ou en toussant;
- elles sont accompagnées d’autres symptômes inhabituels (évanouissement, perte de vision, difficulté à marcher ou à parler);
- elles surviennent en conséquence d'une blessure à la tête.
Approches complémentaires
En prévention
Grande camomille, techniques de relaxation.
5-HTP, magnésium.
Diète hypoallergénique, huiles de poisson, mélatonine, pétasite.
En traitement
Massothérapie, Médecine traditionnelle chinoise (acupuncture, Qi Gong, pharmacopée chinoise), ostéopathie.
En prévention
Dosage
Consulter la fiche Grande camomille. Il faut compter de six à huit semaines avant que les effets se fassent pleinement sentir.
Dosage
Prendre de 200 mg à 600 mg par jour.
Note. L'utilisation du 5-HTP en automédication est controversée. Certains experts croient qu'il ne devrait être offert que sur ordonnance médicale. Consulter la fiche 5-HTP pour plus d'information à ce sujet.
Dosage
De 360 mg et 600 mg par jour de trimagnésium dicitrate ont été utilisés lors des études. Le trimagnésium dicitrate n'est offert ni au Canada ni aux États-Unis, mais selon le pharmacien Jean-Yves Dionne, un autre sel de magnésium pourrait avoir le même effet (voir la fiche Magnésium).
En traitement
En complément au traitement d'acupuncture, le praticien de médecine chinoise recommande souvent des exercices de respiration, la pratique du Qi Gong, des changements dans la diète24, et des préparations pharmaceutiques, dont :
- le baume du tigre, pour les migraines légères à modérées;
- le Xiao Yao Wan;
- la décoction Xiong Zhi Can Xie Tang.
Bonne journée,
Marie claude
ref: Passeport.sante