Russie - L'équipe de scientifiques dirigée par le Dr Elena Sadchikova travaille à la création de chèvres génétiquement modifiées capables de produire du lait maternel. Un projet qui relance le débat sur les OGM et la tendance de certains chercheurs à jouer aux "apprentis sorciers".
Quatre-vingt-dix chèvres femelles génétiquement modifiées seraient actuellement élevées dans une ferme située à l'extérieur de Moscou, dans un lieu tenu secret.
Les chercheurs pensent que le troupeau, qui arrivera à maturité dans quelques mois, devrait produire du lait contenant une grande quantité de lactoferrine, une protéine protégeant l'organisme des agents pathogènes, 5 à 10 fois plus abondante dans le lait maternel que dans le lait de bovin.
"Ce nouveau programme doit permettre de produire du lait enrichi en lactoferrine humaine et de fabriquer des médicaments grâce à cette protéine" expliquait le Dr Pyotr Vitsyaz, membre de l'académie des sciences de Biélorussie.
Le Dr. Igor Goldman, de l'académie des sciences de Russie, ajoute : "La lactoferrine humaine est un antibiotique naturel. Dans ce cas, le lait génétiquement modifié est un médicament et pas un aliment. Je me préoccupe moi-même des OGM et de leurs effets, inconnus, sur l'organisme. Mais avec les médicaments, c'est différent. Il n'y a pas d'autre moyen de créer une protéine. C'est trop cher d'en produire à partir de cellules humaines et impossible de le faire à l'échelle industrielle."
Pour le scientifique, "Cette protéine [...] est un élément naturel, que nous avons tous dans notre corps. Elle ne risque pas de provoquer des allergies ou d'autres effets secondaires".
Malgré un discours qui se veut rassurant, on peut cependant se demander quels risques pourraient être associés à ce process. Quant à l'autorisation de commercialiser ce lait de chèvre génétiquement modifié, elle demeure pour l'heure hypothétique.