De l'amusement, de la jeunesse et de Paperblog

Je me suis inscrite au service Paperblog, et même que je valide l'inscription de ce blog à ce service sous le pseudo theclelescinqt (original, n'est-ce pas?). Pourquoi, me direz-vous ? Pour rien, pour m'amuser, comme à peu près tout ce à quoi me sert ce blog. Je ne sais même pas exactement à quoi ce service se réfère. Quand la Poste me propose de m'envoyer l'annuaire, je dis oui merci, histoire de ne pas être complètement larguée lors d'une éventuelle coupure d'électricité géante. Plus d'électricité, plus de téléphone à part les portables, et surtout plus d'internet!! C'est la mort! Alors quand internet met à notre disposition des annuaires, je ne refuse pas non plus. Car quand toutes les forêts auront été dévastées, et qu'il n'y aura plus de bottins, comment ferons-nous, hein?

Tout ça pour dire que tout bien considéré je trouve que j'ai un certain état esprit porté à l'amusement à tout crin, ces derniers temps, et ça n'a pas l'air de s'arranger. D'aucuns trouveraient (mon mari par exemple) qu'il y a un âge pour certaines conneries, et un âge pour d'autres. Personnellement je vis, avec l'approche de la quarantaine (dans quatre ans et demi quand même, mine de rien ça passe vite), ce que j'avais toujours prévu :  plus je vieillis plus je m'amuse, plus les anciens problèmes ne m'apparaissent plus que comme des broutilles, et je ne doute pas un seul instant que la cinquantaine sera une véritable époque de splendeur morale pour ma petite personne.

Il paraît qu'heureusement que la jeunesse est chaude-bouillante, sinon la société n'aurait pas une température normale.

Mais je suis bien contente d'être enfin du côté où on ne se brûle ni ne se caille. La jeunesse, je la laisse à qui en veut, et ne me rendez pas la mienne, je n'en veux pas! Quand je vois certains jeunes manifestement normaux dans la rue, il n'y a que le concept d"âge bête" qui me vient. Je ne sais pas comment des gamins de 12 à 16 ans font pour piailler comme ça en pleine ville. Les filles poussent des cris stridents pour s'amuser et les garçons guère mieux. 

Etant jeune je n'étais pas vraiment en adéquation avec mes congénères en âge. Maintenant que j'approche de la quarantaine, et plus seulement dans ma tête, cette dernière et ma vie arrivent enfin en adéquation, et je peux enfin m'amuser. Les gens comprennent enfin ce que je veux dire. Je ne suis pas repoussée parce que je ne serais qu'une petite minette ignare par définition, comme toute gamine de 16 ans qui se respecte. A 35 ans on estime que les gens, surtout les femmes, sont enfin sérieux et que ce qu'ils ont à dire vaut la peine d'être écouté. Et ce jugement de valeur me permet enfin de me détendre, car la vacuité de toute chose, et surtout des relations sociales, m'apparaît d'autant mieux, ce qui contribue encore plus à mon amusement.

A vrai dire, et j'en connais une qui va être contente, à l'instar d'une George Sand qui l'écrit dans ses Mémoires à propos d'elle-même, j'ai toujours pensé que pour les autres j'avais "l'air bête". D'abord j'étais "mignonne", c'est du moins le premier mot qui venait aux lèvres de gens très intelligents à mon propos, de 11 à 25 ans au moins (remplacé depuis par "Ils sont tous à vous ? ") Vous croyez que c'est agréable ? C'est assez agaçant. Les autres ne vous prennent pas au sérieux, et vous faites la gueule; après pour rigoler comme une bécasse c'est raté. Les filles vous apprécient difficilement, et les hommes d'âge mûr vous sauteraient bien dessus sans se demander si vous savez discuter aussi. Quant aux jouvençaux de votre âge ils n'essaient même pas, car si en plus vous avez une grande gueule vous leur faites peur. Parfois je me dis qu'il vaut mieux être un thon idiot, comme ça tout semble marrant dès le départ. 

Un jour, alors que j'étais en licence d'histoire, j'ai décidé d'initier en même temps une première année de philo. Comme je ne pouvais que rater des cours, j'ai alors mis une annonce dans la fac, pour trouver l'oiseau rare qui aurait eu la même idée un peu folle et avec lequel j'aurais pu échanger des cours. Une personne m'a répondu. Au rendez-vous j'ai ouvert la porte : c'était un garçon de mon propre groupe d'étude des archives, ultra catho d'autre part, ce qui n'était pas mon cas. Il a semblé déçu en me voyant : il était surtout venu par curiosité et n'aurait "jamais cru" que c'était moi. J'ai bien compris que la nana "mignonne" était sûrement aussi un peu conne. Quand en maîtrise j'ai lâché la province pour m'inscrire à la Sorbonne, je l'y ai rencontré le jour de la rentrée. Il semblait assez vexé que j'aie eu encore la même idée. Cet exemple m'a assez frappé, et m'a permis de faire le lien avec pas mal d'autres.

C'est pourquoi vive l'âge mûr, vive internet et vive George Sand ! Ca me fait penser qu'au lieu de bavasser sur ma jeunesse perdue j'aurais bien pu avoir à lire une foultitude d'ouvrages de poche!

C'est promis, demain j'arrête internet!