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Lors de son discours émission télévisuelle du 5 février dernier, Nicolas Sarkozy s'est attardé sur la réforme du système financier. Il a pointé les traders du doigts, demandé à ce que l'on ferme les paradis fiscaux, et appelé de ces voeux une grande réforme du système financier mondial à l'occasion du prochain G20 en avril prochain avec Barack Obama. Les paradis fiscaux, à qui la faute ? On a peine à comprendre pourquoi Nicolas Sarkozy a tant de mal à faire un sort aux paradis fiscaux fussent-ils européens. Depuis le temps qu'il en parle... Didier Migaud, le président (PS) de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale a critiqué vendredi dernier ce "décalage entre les discours et les actes aussi incompréhensible qu'inacceptable." Mardi soir en effet, le directeur général de la BNP, auditionné par les députés, avait déclaré que la question des paradis fiscaux "n'avait jamais été abordée par les pouvoirs publics dans le cadre des contreparties exigées" en échange du soutien de l'Etat. Alors, hypocrite ou incompétent ? pour les patrons "la moralité a des frontieres" par politistution Les traders, je t'aime moi non plus. Jeudi 5 février, Nicolas Sarkozy avait eu des mots très durs contre les traders. Vendredi, on apprenait, des services de Christine Lagarde, que les banques françaises allaient d'elles même soumettre à la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, "des engagements visant à encadrer la rémunération des traders." Georges Pauget, président de la Fédération bancaire française (FBF), doit présenter sous peu un rapport sur le sujet. Y comprenez-vous quelque chose ? Quand il y a trop d'accidents de la route, on ne demande pas un rapport à l'Automobile Club ! François Fillon avait taclé les socialistes, les accusant d’avoir exonéré d’impôt et de charges le « bonus des traders » avant 2002. La réalité est différente. Laurent Fabius, alors ministre des Finances, a effectivement allégé la fiscalité des gérants de fonds. L'Etat-banquier Aux critiques qui lui reprochaient d'avoir imprudemment prêté aux banques quelques 10 milliards d'euros l'automne dernier sans contreparties véritables comme une place dans leurs conseils d'administration, Sarkozy avait répondu que l'Etat n'a pas à devenir banquier. ce ne serait pas son métier. Lundi 9 février, l'Etat est devenu banquier, en annonçant un prêt de 6 milliards d'euros sur 5 ans aux constructeurs Renauld et PSA Peugeot Citroën, à un taux d'intérêt de 6% "au lieu des 11 à 12% consentis actuellement par les banques." Les 3 contreparties obtenues sont le maintien de l'emploi (pas de plan social en 2009), des usines en France (pas de délocalisation) et une modération des dividendes aux actionnaires. Nicolas Sarkozy n'a pas repris l'idée de Barack Obama de plafonner la rémunération des patrons des entreprises concernées. Si l'Etat est actionnaire à 15% de Renault, il n'a aucun intérêt dans PSA Peugeot Citroën. Il est donc devenu banquier. Coïncidence facheuse, Nissan, détenue à 40% par Renault, annonçait le jour même la suppression de 20 000 postes dans le monde... sarkozy "moi, mentir ??...jamais !!" par politistution Au fait, sur le front de l'économie "réelle", les nouvelles du jour ne sont pas bonnes : l'Unedic prévoit 282.000 chômeurs de plus en 2009 et 250.000 emplois détruits. PSA a annoncé 6 à 7000 suppressions de postes en France (tiens, où sont les contreparties du soutien de l'Etat aux constructeurs ?); et Nicolas Sarkozy devra aller s'expliquer à Bruxelles : "Ce plan automobile sert bien à nos voisins européens parce que si on n'avait pas engagé ce qu'on a engagé au service de PSA et de Renault, c'est leurs implantations partout en Europe (notamment en République tchèque et en Slovénie où une partie de la production a été délocalisée, ndlr) qui s'en trouveraient menacées" avait déclaré le président français. Vraiment ? Et si les déclarations présidentielles en faveur d'une refonte du système financier n'étaient qu'un leurre supplémentaire ?&alt;=rss