Car comme Jacques Doillon le fit dans Ponette (la Ponette en question étant encore bien plus jeune), le réalisateur épouse le regard de son héroïne, qui a à la fois conscience du drame qui se produit mais qui n'en saisit pas tout à fait la gravité, trop jeune pour réaliser que tout cela n'est pas vraiment normal. C'est ce décalage avec notre vision d'adulte qui produit ce petit miracle : malgré le sordide de certaines situations, c'est presque une impression de légèreté qui se dégage du film. Un temps en tout cas : car La petite fille de la terre noire a tout de même une vraie dimension sociale, montrant notamment que la perte d'un emploi peut conduire très rapidement à la rupture du lien social. Rongé par une santé précaire, abattu par le manque de moyens, le père perd pied, laissant sa progéniture livrée à elle-même. Jeon filme avec une simplicité très émouvante la détresse de cet homme perdu, qui transmet son manque d'illusions à des enfants sans grand espoir. Même s'il manque un peu d'élan dramatique, malgré un dénouement un peu trop évident, voilà un film extrêmement touchant, qui n'a sans doute pas volé son prix au festival de Deauville en 2008.
7/10
(également publié sur Écran Large)
(autre critique sur Une dernière séance ?)