Mensonges ou naïveté ?

Publié le 11 février 2009 par Nicolas007bis



Dans un billet récent intitulé « les actes comptent plus que les mots », le locataire de la maison de la Colline aux faucons rappelle avec beaucoup de justesse l’importance, sinon la nécessité, de mettre ses actes en accord avec ses paroles (ou ses écrits) que ce soit dans sa vie personnelle, professionnelle ou dans la vie politique.

N’est-on pas qu’un beau parleur (ou un bel écriveur pour un bloggeur) est effectivement une question qu’il serait salutaire de se poser régulièrement.

Parmi les illustrations de la difficulté qu’il y a à assurer cette cohérence entre propos et actes, le cas de Nicolas Sarkozy et de ses promesses non tenues :
pouvoir d’achat, Gandrange… est évoqué notamment pour remarquer « …qu’il ne peut que s’attendre à récolter plus tard les fruits d’un désenchantement qu’il a lui-même crée »…

Ceci est tout à fait juste, que ce soit dans sa vie personnelle ou en politique, Il n’y a rien de pire que l’impression d’avoir été délibérément trompé par quelqu’un dont les actes ont contredits les propos !

Dans ce billet, l’ami Faucon ébauche une question que je me pose depuis plusieurs mois : Quelle est la part de tromperie et à contrario de sincérité dans les « promesses » de Nicolas Sarkozy ?

Doit-on considérer, comme le pense René, et beaucoup d'autres, que Nicolas Sarkozy « …n'a pas seulement foiré : il est en train de cocufier ses électeurs. C'est pire», ce qui suppose une divergence volontaire entre ses discours et ses actes ou pour dire cela plus directement, une tromperie délibérée ? Je promets ceci, je promets cela, sachant pertinemment que je ne pourrai pas tenir mes promesses ?

Ou, peut-on considérer qu’au moment ou Nicolas Sarkozy va promettre aux ouvriers de Gandrange que l'Etat est prêt « à mettre de l'argent pour faire les investissements » nécessaires au maintien de l'activité, ou que lorsqu’il promet pendant sa campagne une hausse du pouvoir d’achat ou même la « rupture », il est sincère et convaincu de pouvoir y parvenir ?

En clair la question que je me pose est la suivante : Nicolas Sarkozy est-il un gros menteur ou un naïf rattrapé par la dure réalité politique et économique ?

Trompe t’il délibérément ses interlocuteurs ou se trompe-t-il lui-même sur sa capacité à tenir ses promesses ?

Parce qu’il me semble quand même que le jugement que l’on peut porter sur Sarkozy n’est pas le même selon qu’on le met dans une catégorie ou dans une autre ! …la différence essentielle s’appelle « la confiance » !

Certes vous me direz qu’il est difficile d’avoir confiance en quelqu’un dont vous doutez des capacités à mener le pays dans la bonne direction, oui mais il est bien plus difficile encore d’accorder sa confiance en quelqu’un qui vous trompe volontairement !

Personnellement, à cette question, j’étais jusqu’à présent plutôt tenté de répondre par la 2ème hypothèse considérant Nicolas Sarkozy comme plutôt sincère.

Certes, pendant sa campagne, il a pris des raccourcis et sa manière de présenter les choses pouvait laisser penser que les résultats allaient tomber tout cuits et immédiatement, ce qui évidemment n’était pas possible.
Certes il s’est trompé avec son paquet fiscal destiné aux particuliers alors que la priorité aurait du être mise sur les entreprises. Il s’est trompé en pensant qu’il serait suffisant pour, telle une baguette magique, booster la croissance et en conséquence le pouvoir d’achat.
Certes, il a reculé sur plusieurs points alors qu’il s’était présenté comme l’homme de la rupture qui ne se laisserait pas impressionner par les pressions corporatistes.
Certes il a parlé dans la précipitation sans prendre le temps de réfléchir comme lorsqu’il a été raconter aux ouvriers de Gandrange que l’Etat investirait dans leur usine…certes il a commis moult erreurs en partie liées à son tempérament d’agité fougueux mais pour autant je le pensais plutôt sincère !

Malgré tout, quelques exemples récents commencent à me faire douter :

Je n’ai pas pu écouter toute son intervention de Jeudi dernier mais j’en ai entendu notamment 2 passages sur la nomination du Président de France télévision et sur Gandrange justement !

Sur le premier sujet, je l’entends encore nous dire quelque chose comme : « ne vous inquiétez pas, le président de FT ne sera pas proposé par le Président de la République mais par le Gouvernement et de toute façon, il faudra que le CSA et surtout les 3/5èmes des commissions des affaires culturelles de l’assemblée et donc une partie de l’opposition valident ce choix sinon c’est retour à la case départ » !

Il est vrai que j’ai trouvé assez douteuse cette manière d’essayer de nous faire croire que « ce n’est pas moi qui vais choisir mais mon gouvernement » mais j’ai été rassuré par le fait que cette nomination ne pourrait se faire qu’avec l’acquiescement des 3/5ème des membres des commissions. Je me suis alors dit, c’est vrai, il n’y peut-être pas de quoi crier au loup voire à la poutinisation rampante !

Or, voilà t’y pas que j’entends ce matin sur ma radio préférée qu’en fait, l’accord des 3/5ème est indispensable non pas pour valider le choix fait par le Gouvernement et donc par le Président de la République mais pour le refuser !!!...ce qui évidemment change tout !

Alors soit Nicolas Sarkozy s’est trompé mais sur un point aussi important que celui-ci et sur un sujet sur lequel il était certain d’être interrogé cela semble quand même peu probable, soit il a nous a menti !

Sur le second sujet, Gandrange, Nicolas Sarkozy nous a dit en substance, « j’ai tenu mes promesses, non pas d’investir directement dans l’usine mais en exigeant de Monsieur Mittal qu’il tienne au moins 3 de ses 4 engagements sachant que le 4ème est pour bientôt !...et lui d’énumérer les engagements en question !

Le problème ce n’est pas seulement que les engagements en question n’ont été tenu que partiellement mais surtout qu’il a fait totalement l’impasse sur les propos qu’il a tenu devant les ouvriers de Gandrange le 4 février 2008 : «l’Etat préfère investir pour moderniser le site plutôt que de payer de l’argent pour accompagner des gens soit en préretraite, soit au chômage» !

Il me semble, si je me souviens bien de mes classiques, que cela s’appelle un mensonge par omission !

Que Sarkozy encore dans l’euphorie de sa récente nuit de noce s’emballe au point de promettre ce qu’il aurait du savoir ne pas pouvoir tenir, n’est déjà pas flatteur pour le premier personnage de l’Etat mais qu’une fois son erreur constatée, il fasse comme si il n’avait rien dit, incite à considérer ces futurs propos avec beaucoup de méfiance !

Or, la confiance est un sentiment extrêmement fragile et quasi irrécupérable lorsqu’à tort ou à raison on a l’impression qu’elle a été trahie….Il serait bien pour l’avenir de la France que Nicolas Sarkozy évite de gâcher le peu dont-il bénéficie encore par des propos volontairement approximatifs ou carrément erronés !

Pour cela il doit dire les choses simplement et avec honnêteté, au risque d’être quelques fois pris pour un crétin mais au moins un crétin honnête !