Dans un
billet récent intitulé « les actes comptent plus que les mots », le
locataire de la maison de la Colline aux faucons rappelle avec beaucoup de
justesse l’importance, sinon la nécessité, de mettre ses actes en accord avec
ses paroles (ou ses écrits) que ce soit dans sa vie personnelle,
professionnelle ou dans la vie politique.
N’est-on pas qu’un beau parleur (ou un bel écriveur pour un bloggeur) est
effectivement une question qu’il serait salutaire de se poser
régulièrement.
Parmi les illustrations de la difficulté qu’il y a à assurer cette cohérence
entre propos et actes, le cas de Nicolas Sarkozy et de ses promesses non
tenues :
pouvoir d’achat, Gandrange… est évoqué notamment pour remarquer « …qu’il
ne peut que s’attendre à récolter plus tard les fruits d’un désenchantement
qu’il a lui-même crée »…
Ceci est tout à fait juste, que ce soit dans sa vie personnelle ou en
politique, Il n’y a rien de pire que l’impression d’avoir été délibérément
trompé par quelqu’un dont les actes ont contredits les propos !
Dans ce billet, l’ami Faucon ébauche une question que je me pose depuis
plusieurs mois : Quelle est la part de tromperie et à contrario de
sincérité dans les « promesses » de Nicolas Sarkozy ?
Doit-on considérer, comme le pense René, et beaucoup d'autres, que
Nicolas Sarkozy « …n'a pas seulement foiré : il est en train de
cocufier ses électeurs. C'est pire», ce qui suppose une divergence volontaire
entre ses discours et ses actes ou pour dire cela plus directement, une
tromperie délibérée ? Je promets ceci, je promets cela, sachant
pertinemment que je ne pourrai pas tenir mes promesses ?
Ou, peut-on considérer qu’au moment ou Nicolas Sarkozy va promettre aux
ouvriers de Gandrange que l'Etat est prêt « à mettre de l'argent pour
faire les investissements » nécessaires au maintien de l'activité, ou que
lorsqu’il promet pendant sa campagne une hausse du pouvoir d’achat ou même la
« rupture », il est sincère et convaincu de pouvoir y parvenir ?
En clair la question que je me pose est la suivante : Nicolas Sarkozy
est-il un gros menteur ou un naïf rattrapé par la dure réalité politique et
économique ?
Trompe t’il délibérément ses interlocuteurs ou se trompe-t-il lui-même sur
sa capacité à tenir ses promesses ?
Parce qu’il me semble quand même que le jugement que l’on peut porter sur
Sarkozy n’est pas le même selon qu’on le met dans une catégorie ou dans une
autre ! …la différence essentielle s’appelle « la confiance »
!
Certes vous me direz qu’il est difficile d’avoir confiance en quelqu’un dont
vous doutez des capacités à mener le pays dans la bonne direction, oui mais il
est bien plus difficile encore d’accorder sa confiance en quelqu’un qui vous
trompe volontairement !
Personnellement, à cette question, j’étais jusqu’à présent plutôt tenté de
répondre par la 2ème hypothèse considérant Nicolas Sarkozy comme plutôt
sincère.
Certes, pendant sa campagne, il a pris des raccourcis et sa manière de
présenter les choses pouvait laisser penser que les résultats allaient tomber
tout cuits et immédiatement, ce qui évidemment n’était pas possible.
Certes il s’est trompé avec son paquet fiscal destiné aux particuliers alors
que la priorité aurait du être mise sur les entreprises. Il s’est trompé en
pensant qu’il serait suffisant pour, telle une baguette magique, booster la
croissance et en conséquence le pouvoir d’achat.
Certes, il a reculé sur plusieurs points alors qu’il s’était présenté comme
l’homme de la rupture qui ne se laisserait pas impressionner par les pressions
corporatistes.
Certes il a parlé dans la précipitation sans prendre le temps de réfléchir
comme lorsqu’il a été raconter aux ouvriers de Gandrange que l’Etat investirait
dans leur usine…certes il a commis moult erreurs en partie liées à son
tempérament d’agité fougueux mais pour autant je le pensais plutôt
sincère !
Malgré tout, quelques exemples récents commencent à me faire douter
:
Je n’ai pas pu écouter toute son intervention de Jeudi dernier mais j’en ai
entendu notamment 2 passages sur la nomination du Président de France
télévision et sur Gandrange justement !
Sur le premier sujet, je l’entends encore nous dire quelque chose
comme : « ne vous inquiétez pas, le président de FT ne sera pas
proposé par le Président de la République mais par le Gouvernement et de toute
façon, il faudra que le CSA et surtout les 3/5èmes des commissions des affaires
culturelles de l’assemblée et donc une partie de l’opposition valident ce choix
sinon c’est retour à la case départ » !
Il est vrai que j’ai trouvé assez douteuse cette manière d’essayer de nous
faire croire que « ce n’est pas moi qui vais choisir mais mon
gouvernement » mais j’ai été rassuré par le fait que cette nomination ne
pourrait se faire qu’avec l’acquiescement des 3/5ème des membres des
commissions. Je me suis alors dit, c’est vrai, il n’y peut-être pas de quoi
crier au loup voire à la poutinisation rampante !
Or, voilà t’y pas que j’entends ce matin sur ma radio préférée qu’en fait,
l’accord des 3/5ème est indispensable non pas pour valider le choix fait par le
Gouvernement et donc par le Président de la République mais pour le refuser
!!!...ce qui évidemment change tout !
Alors soit Nicolas Sarkozy s’est trompé mais sur un point aussi important
que celui-ci et sur un sujet sur lequel il était certain d’être interrogé cela
semble quand même peu probable, soit il a nous a menti !
Sur le second sujet, Gandrange, Nicolas Sarkozy nous a dit en substance,
« j’ai tenu mes promesses, non pas d’investir directement dans l’usine
mais en exigeant de Monsieur Mittal qu’il tienne au moins 3 de ses 4
engagements sachant que le 4ème est pour bientôt !...et lui d’énumérer les
engagements en question !
Le problème ce n’est pas seulement que les engagements en question n’ont été
tenu que partiellement mais surtout qu’il a fait totalement l’impasse sur les
propos qu’il a tenu devant les ouvriers de Gandrange le 4 février 2008 :
«l’Etat préfère investir pour moderniser le site plutôt que de payer de
l’argent pour accompagner des gens soit en préretraite, soit au chômage»
!
Il me semble, si je me souviens bien de mes classiques, que cela s’appelle
un mensonge par omission !
Que Sarkozy encore dans l’euphorie de sa récente nuit de noce s’emballe au
point de promettre ce qu’il aurait du savoir ne pas pouvoir tenir, n’est déjà
pas flatteur pour le premier personnage de l’Etat mais qu’une fois son erreur
constatée, il fasse comme si il n’avait rien dit, incite à considérer ces
futurs propos avec beaucoup de méfiance !
Or, la confiance est un sentiment extrêmement fragile et quasi irrécupérable
lorsqu’à tort ou à raison on a l’impression qu’elle a été trahie….Il serait
bien pour l’avenir de la France que Nicolas Sarkozy évite de gâcher le peu
dont-il bénéficie encore par des propos volontairement approximatifs ou
carrément erronés !
Pour cela il doit dire les choses simplement et avec honnêteté, au risque
d’être quelques fois pris pour un crétin mais au moins un crétin honnête
!