La dépolitisation des masses est le mal du siècle dernier et le cancer du siècle naissant. Comment peut on imaginer un instant réussir les grands défis de demain sans l’appui fort et éclairé du peuple ?
Face aux urgences climatiques, sociales, économiques (bien que cette catégorie n’existe pas réellement, n’étant que le fruit des deux premières) nous ne pouvons espérer que la solution ne vienne que du « cercle vertueux des détenteurs de la politique ».
Aussi vrai que l’élection n’est qu’un passage léger de délégation intellectuelle, la dépolitisation est la porte ouverte au fascisme gangrénant et à l’autoritarisme le plus crasse.
C’est à ce moment là que certains commencent à dire que j’affabule. Et pourtant, les faits me donnent malheureusement raison. Regardons en face les choses : le peuple est trop dépolitisé pour voir qu’on le spolie ouvertement par un plan de relance immonde, orienté à sauver l’économie au détriment du social et de l’écologie. On brade les conditions de vie au sens large sur l’autel du profit et des oligarques.
Non, je vous arrête tout de suite : je ne suis pas en train de me placer au dessus de la masse et de juger le peuple comme un enfant. Loin de moi cette immonde idée qui est bien trop répandu dans ce bas monde. Non, je mets en accusation les forces progressistes.
Depuis des décennies, les baronnies et autres oligarchies politiques et syndicales sont responsables de cette dépolitisation. En professionnalisant le politique, en installant un système pyramidale au sein des partis politiques et des syndicats, en oubliant la base au profit de « techniciens de l’instant », nous avons abandonné le peuple. Non pas en refusant de l’éduquer, le peuple n’étant ni un enfant ni un chien, mais en refusant de l’écouter et de dialoguer. Offrir un espace d’expression n’est pas facile, cela oblige à se remettre en question chaque jour, à dialoguer, ne pas être d’accord, briser les consensus mous pour en construire de solides.
Tout cela n’a servi qu’une seule chose : renforcer la main mise de l’oligarchie financière sur l’ensemble de la société.
Des armes subtiles ont été inventées : le vote utile par exemple (il suffit de voir les résultats en Israël, il parait que la gauche à voté utile en votant pour le parti centriste. C’est beau de renier ses idées…). Le pragmatisme. Vous savez cette arme que l’on vous sort à tout bout de champs. Vous émettez une idée comme « il faut en finir avec la faim dans le monde » ou là on vous dit « ok mais avec pragmatisme » … Pour mieux ne rien faire. La professionnalisation : où quand on donne l’impression au peuple que de le représenter nécessiterait un diplôme (merci l’ENA et autres).
Tout cela va dans le sens d’une main mise par une frange de la population au détriment du plus grand nombre.
Mais soyons clair : il est temps de se réveiller ! Le peuple est aussi son propre bourreau pour le coup.
Instruisons nous, lisons, ouvrons des livres d’économie, de philosophie. N’ayons pas peur car nous ne sommes pas plus bêtes que d’autres.
N’attendons pas tous des partis politiques ou des syndicats. Ils ne sont que des moyens institutionnels qu’il nous faut dépasser. Soyons nos propres partis, nos propres révolutions. Il est illusoire d’attendre le « grand soir » (ou de chercher à le provoquer, souvent avec démagogie). Soyons en révolte permanente tant que cette société ne sera pas à l’image d’une société juste et égalitaire (et non équitable, mot qui sert à tirer vers le bas).
Devenons les travailleurs intransigeants qui construiront le monde de demain. Prenons les armes de la pensée pour en faire la plus redoutable des contre offensive face aux dictats imposés par l’oligarchie dominante.
Nous pouvons êtes nos propre libérateurs si nous nous en donnons les moyens. Cessons de confondre confort et liberté, assurance et solidarité, salaire et fruit du travail.
Demain n’est que le premier pas.
N’oublions pas cette phrase de Bakounine :
« Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n'ont jamais avancé d'un seul pas »