Le titre de l'article de M. Michel donne tout de suite la couleur : "Baleines : pendant le massacre, la dégustation continue". Le mot massacre laisse déjà comprendre que le journaliste a plutôt un à priori négatif sur la chasse à la baleine. D'ailleurs, il n'y a aucun doute sur la qualité des programmes de recherche nippons, puisque "c'est en réalité la gastronomie et le commerce qui motivent la poursuite de campagnes massives et sanglantes." Donc l'auteur de l'article ne semble pas s'être donné la peine de se renseigner sur les résultats des recherches sur les cétacés que le Japon conduit depuis plus de 20 ans maintenant, mais il s'en donne à cœur-joie avec des mots comme "sanglant".
Pour illustrer ses dires, M. Michel a probablement dû se rendre au restaurant-magasin Yûshin dans le quartier d'Asakusa où, nous explique-t'il, on "propose de façon parfaitement explicite des centaines de conserves ou emballages sous vide contenant les meilleurs morceaux de baleine, crus ou séchés." Un peu plus loin, on apprends que "les acheteurs se pressent devant les réfrigérateurs, les vendeuses proposent aux plus fortunés le bacon, meilleure partie du mammifère, au prix de 2 500 euros le kilo." Étant un habitué du Yûshin, je dois vous avouer que le chiffre de 2500 euros m'a d'autant plus laissé perplexe que j'ai déjà acheté du bacon de baleine là-bas. Si vous jetez un coup d'œil à la photo ci-dessus, vous constaterez que les 200 grammes de bacon sont vendus 5.500 yen. Un rapide calcul (5.500 x 5 / 117) me donne le kilo à environ 235 euros, soit environ dix fois moins que ce que Olivier Michel nous annonce. Sagit-il là une simple erreur de sa part, ou y a-t'il une volonté de donner une fausse image de la valeur de la viande baleine au Japon ?
Le journaliste nous raconte ensuite que "dans les restaurants chics de l'archipel, les morceaux de choix multiplient souvent les additions par dix et sont à l'origine d'un trafic dénoncé par deux membres japonais de Greenpeace qui font la une des quotidiens." Bon, on sait déjà qui multiplie les prix par dix... c'est lui ! Quant au trafic dénoncé par Greenpeace, il reste à prouver puisque l'enquête conduite par le procureur de Tokyo n'a rien trouvé pour confirmer les accusations de l'ONG à l'encontre de 12 membres d'équipage du Nisshinmaru.
Le paragraphe suivant est toutefois celui que je préfère dans son article :
"Les autorités japonaises font, aux dires des spécialistes, un très mauvais calcul. Tout d'abord, parce que la chasse à la baleine n'est plus ce qu'elle était. En pleine crise économique, les longues campagnes coûtent beaucoup d'argent et n'en rapportent pas assez (les consommateurs ont d'autres priorités)."
Ça démontre à quel point le journaliste n'a aucune connaissance du sujet qu'il traite. Tout d'abord, les programmes de recherche japonais sur les cétacés ne sont pas des campagnes commerciales et les fonds issus de la vente de la viande de baleine ne servent qu'à couvrir les frais occasionnés par la recherche, pas à faire des profits. Quant à la question de savoir quelle est la priorité des consommateurs nippons, je me demande ce qu'il en sait.
Olivier Michel revient rapidement sur le bien fondé de la recherche japonaise en citant une source inconnue : "Tous les scientifiques du monde publient une abondante littérature sur l'objet de leurs travaux, expliquent les opposants. Or les Japonais ne publient rien." Tiens, c'est bizarre. L'année dernière, il y a eu tout un tintamarre en septembre 2008 au sujet d'un article publié dans le numéro de juillet de la revue Polar Biology. Les Japonais ne publieraient donc pas rien !? Il n'était pas difficile de se renseigner pourtant.
L'auteur de l'article conclut sur une note positive. On nous apprends que le fabricant d'appareils photo japonais Canon se serait "positionnée clairement contre la chasse avec le slogan « On ne doit shooter les baleines qu'avec un appareil photographique »." Ben oui, mais non... Ça, c'est la campagne de Greenpeace qui cherche à forcer Canon à prendre position contre la chasse baleinière, mais jusqu'à preuve du contraire, elle n'a toujours pas réussi.
Donc, M. Michel est lui aussi recalé pour ce qui est des compétences nécessaires au journalisme : impartialité, travail de recherche, etc.
PS :
Il y a également eu un article de Michel Temman sur les deux activistes de Greenpeace accusés de vol, mais ça ressemble tellement à une vulgaire repompe de la propagande de l'ONG que je ne me donnerai même pas la peine de le commenter.