Azerbaïdjan : le commandant des forces aériennes assassiné

Publié le 11 février 2009 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Le puissant commandant des forces aériennes de l'Azerbaïdjan, le général Raïl Rzaïev, a été tué par balle mercredi près de chez lui à Bakou, un des crimes les plus spectaculaires survenus dans ce pays pétrolier au centre d'une lutte d'influence entre la Russie et les Etats-Unis.

Raïl Rzaïev, 64 ans, a été tué dans la matinée en plein centre de la capitale azerbaïdjanaise, au moment où il se rendait à son travail, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Sadik Gozalov.

"On a tiré sur le général qui a été grièvement blessé à la tête. Il a été admis à l'hôpital militaire de Bakou, où il est mort", a ajouté M. Gozalov.

L'affaire sera confiée au parquet militaire, selon le porte-parole, qui a affirmé n'avoir aucun élément sur le mobile du meurtre.

La chaîne de télévision ANS a précisé que le général Rzaïev commandait les forces aériennes et la défense antiaérienne depuis 1992.

Des analystes considèrent que ce crime pourrait être lié au rôle que jouait Raïl Rzaïev dans les acquisitions tous azimuts d'armements par l'Azerbaïdjan, dont les coffres regorgent de l'argent tiré de l'exploitation du pétrole.

Ce pays caucasien a à cet égard plus que quadruplé ses dépenses militaires ces cinq dernières années.

"Rzaïev était le pivot dans les acquisitions (de matériel) pour l'armée de l'air et la défense antiaérienne. Or, les acquisitions dans ces secteurs représentent la part la plus importante du budget de la défense", a expliqué Uzeir Jafarov, un expert de ces questions à Bakou.

Dans un rapport rendu public en 2008, l'organisation International Crisis Group, dont le siège est à Bruxelles, avait écrit que l'armée azerbaïdjanaise était minée par "une vaste corruption", appelant à un contrôle accru des dépenses militaires.

"C'est le meurtre le plus grave dans l'histoire du ministère azerbaïdjanais de la Défense", a assuré M. Jafarov.

L'Azerbaïdjan a connu une vague d'assassinats de personnalités au début des années 1990, dont ceux d'un président adjoint du Parlement et du chef de la sécurité de la présidence.

Le général Rzaïev était également au centre des négociations russo-américaines sur l'utilisation de la station radar de Gabala, dans le nord de l'Azerbaïdjan, non loin de l'Iran.

La Russie, qui est fermement opposée au déploiement en Europe centrale d'éléments du bouclier antimissiles américain, avait proposé en juillet 2007 aux Etats-Unis d'utiliser en commun les installations de Gabala.

L'Azerbaïdjan est en outre stratégique pour les Occidentaux dans l'exploration, l'extraction et le transport des ressources gazières et pétrolières de la région de la mer Caspienne.

Le projet de gazoduc Nabucco vise ainsi à acheminer du gaz d'Azerbaïdjan vers l'Europe centrale en évitant la Russie. Sa mise en chantier est espérée pour 2010.

Les Européens défendent le projet Nabucco, encore en quête de financement, qui leur permettra de limiter leur dépendance énergétique vis-à-vis des Russes.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a axé sa politique extérieure sur le renforcement des liens avec les pays occidentaux et a rencontré à diverses reprises le prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush.

Et l'Azerbaïdjan a récemment "vivement protesté" contre de supposées ventes d'armes de la Russie à l'Arménie, Bakou et Erevan s'opposant à propos du Nagorny-Karabakh, province azerbaïdjanaise dont la population est en majorité arménienne.

L'Arménie est quant à elle le principal allié de la Russie dans le Caucase.

Source du texte : FRANCE 24