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La journée de Françoise, notre invitée blogueuse
Tout d'abord, parlons de la fréquentation et du public de la Berlinale. Les salles sont pratiquement combles, un public très chaleureux, les jeunes investissent le Festival, beaucoup d'applaudissements pour les films, les metteurs en scène et acteurs. Aujourd'hui, j'ai quitté "Winter Ade" (Adieu l'hiver) et tous les films est-européens d'avant la chute du Mur pour me plonger dans le nouveau cinéma allemand (catégorie "Perspektive Deutsches Kino"). Cette fois-ci, c'est du documentaire intitulé "Achterbahn" (Le grand 8) dont je vais vous parler. Rassurez-vous, on n'attrape pas le vertige!
Destin du proprio post '89 de l'unique parc d'attraction de la RDA
Françoise: Le rêve de Norbert Witte était de faire du "Spreepark" de Berlin le plus grand parc d'attraction d'Allemagne. Il plonge le parc dans la ruine et part avec son manège et sa famille s'installer au Pérou. La ville de Berlin hérite de la lourde dette. Witte ne rencontre pas le succès escompté au Pérou. Au contraire, il tombe dans la mafia de la drogue et revient à Berlin. Le commerce de la drogue est démantelé, son fils, Marcel, est arrêté au Pérou. Witte, de son côté est arrêté à Berlin et bénéficie, avec la seule interdiction de ne pas quitte l'Allemagne, d'une peine légère. Pendant ce temps là, Marcel est condamné à 20 ans d'emprisonnement, qu'il passe dans une des prisons les plus dures et les plus dangereuses du monde et a peu de chance de survivre.
La personnalité de Norbert Witte et son destin sont au centre de ce documentaire, qui suit les hauts et descentes aux enfers de Witte et de sa famille. Witte apparaît comme un homme sympathique, un optimiste né, qui n'abandonnera jamais sa famille. N'est-il pas aussi un rêveur égoïste? Comment lui et sa famille vivent-ils leur culpabilité, celle d'avoir joué avec la vie de leur fils Marcel?
Le Film de Peter Dörfler commence par une vue apocalyptique du Spreepark, où la grande roue et les dinosaures constituent le tas de ruines. Ceci est visuellement le point de départ de cette histoire dramatique de la famille Witte que le metteur en scène accompagne à Berlin et à Lima dans sa lutte pour la libération de Marcel. Cette histoire est racontée sans artifice. La vie de Norbert Witte pourrait sans doute constituer toute une série de films. Mais Achterbahn n'est il pas plus qu'un portrait?
Une fois de plus le nouveau cinéma allemand montre sa richesse en documentaires.
Mon grain de sel sur les loopings de Norbert
Charlotte: Moi, l'histoire de la Spreepark, ce sont d'abord mes amis Berlinois de l'Est qui me l'ont racontée à travers leurs souvenirs de gamins. Puis à l'occasion d'un blog pour ARTE sur les bords de Spree l'été dernier, je m'étais penchée sur l'histoire de ces lieux aujourd'hui à l'abandon. Vous pouvez donc imaginer combien j'étais ravie d'apprendre qu'un documentaire était projeté dans le cadre de la Berlinale sur le destin de Norbert Witte ! Avec la fatigue qui s’accumule de séances en conférences de presse, j’ai malheureusement oublié mon carnet de notes dans une salle obscure... mais bon, jeunesse oblige, j’ai encore en tête la conversation après la séance, avec justement un de ces amis Berlinois de l’Est...
Le documentaire reste ouvert, avec une dernière image sur un Norbert Witte plein de projets : il veut ouvrir de nouvelles attractions, un cirque je crois, derrière la gare centrale de Berlin et ceci en partenariat avec sa fille. Entrepreneur maladif ? Inresponsable inguérissable ? Forain infatiguable ? Difficile de cerner le personnage qui sait taire certains épisodes, ceux que nous raconte sa femme, rodée à toute épreuve et de nature plutôt déterminée.
Le documentaire reste également très ouvert sur l’avenir du « Spreepark », le parc d’attractions dans lequel Norbert Witte a tant investi. Malheureusement. On aurait bien aimé avoir le son de cloche de la ville de Berlin sur l’affaire, des responsables d’alors et d’aujourd’hui. Et un peu plus de témoignages « hors famille Witte ».
Bref, l’occasion de lancer un nouvel appel « qui sait quoi » sur le devenir du Spreepark !
Laisser libre cours à votre fantaisie pour reprendre possession des lieux par l’imagination !
Avis aux grands enfants : sur le site Internet officiel du parc, la nostalgie est de mise, avec des prix d’entrée indiqués en deutsche mark...