Tere, en estonien, veut dire bonjour, et elle était partie en Estonie pour y réaliser une vidéo. Quand un ami bien intentionné lui a dit que Tere en langue Bambara voulait dire l’âme, le karma, Tere Recarens est partie au Mali.
Elle en revient avec une vidéo projetée dans une
pièce tendue d’étoffes wax colorées (au FRAC Bourgogne jusqu’au 16 mai), vidéo racontant ses périples, ses rencontres, ses échanges (elle a fait tisser le motif ci-contre et l’a offert à tous ceux qui l’ont aidée). Elle y a appris que chacun de nous a à la fois un bon ‘tere’ et un mauvais ‘tere’, que l’âme est duelle et qu’on n’y peut rien. Son ‘tere’ à elle est particulièrement intense, allumé dit-on (’maa tere manalem’) comme il sied à une artiste. C’est un art joyeux et proche de la vie, un art des situations et des réalités, mais, à mes yeux, c’est tout autant un art qui s’appuie sur les signes, sur le sens caché, sur la manière dont la signification plus ou moins voilée transparaît dans le réel, surgit à la surface des choses. Les écharpes des supporters de foot également montrées ici ont la même fonction, communiquer un sens partagé par une communauté, construire une langue. L’artiste elle-même participe de cette démarche, son sabir franco-anglo-ibéro-allemand et son statut de nomade perpétuelle lui permettant de joyeusement transcender toutes les frontières; tentons de la suivre.Photo 1 © Frédéric Buisson, FRAC Bourgogne; autres photos de l’auteur.
PS déontologique : mon voyage était à l’invitation du FRAC Bourgogne.