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Les régimes de temps

Publié le 11 février 2009 par Boisset

Pour le directeur de recherche en sciences du climat au CNRS, Robert Vautard, les tempêtes à répétition et ravageuses se profilent à l'horizon 2050

« Sud Ouest ». Des températures frôlant les 50 degrés en Australie, des tempêtes successives en Europe, y a-t-il lieu de s'inquiéter ?

Robert Vautard . Le fait que ces phénomènes se produisent en même temps est un hasard. Concernant les tempêtes, il y en a toujours une ou deux par an, même si elles n'ont pas toutes l'intensité de celle du 24 janvier. Celle de mardi était tout à fait normale. Le fait qu'elles soient rapprochées n'est pas étonnant. C'est ce que l'on appelle les régimes de temps, qui durent plusieurs dizaines de jours. Pour ce qui est de l'intensité des tempêtes, il n'y a pas d'observation très claire d'une augmentation de leur fréquence. Au cours du XXe siècle, il y a eu des décennies avec plus de tempêtes, mais rien ne permet d'associer le constat au réchauffement climatique. Toutefois, il est tout à fait possible que la décennie 2010-2020 soit moins chaude que l'actuelle, sans qu'on puisse remettre en cause, pour autant, le changement climatique.

On prévoit notamment un dérèglement en ce qui concerne les précipitations ?

Dans le futur, à long terme (2030-2050), les projections donnent, effectivement, une augmentation de la vigueur du cycle de l'eau. Ce qui signifie plus d'évaporation, plus de précipitations et plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Les tempêtes font partie du tableau que nous avons pour la fin du XXIe siècle. Il y aura une augmentation probable des phénomènes violents.

Doit-on craindre le problème de la montée des eaux des océans ?

Les tempêtes ne sont pas liées à ce phénomène. Aujourd'hui, le niveau des eaux des océans augmente de trois millimètres par an. C'est en partie dû à la dilatation thermique des océans mais aussi à la fonte des glaciers et des calottes polaires (Groenland et Antarctique). Il est prévu que ce niveau augmente beaucoup plus dans le courant du siècle. On peut craindre d'énormes problèmes sur les zones côtières.

Parlez-nous des vagues de chaleur et des canicules comme celle qui frappe actuellement l'Australie ?

Ce type de phénomène entre plus dans le tableau direct du changement climatique tel qu'on va le vivre très prochainement. Les vagues de chaleur sont dues à des anticyclones persistants qui s'auto-alimentent entre le soleil et la sécheresse du sol, par conduction. Ces vagues de chaleur frappent un peu au hasard dans les latitudes tempérées. Actuellement, c'est l'Australie mais aussi la Chine. Pékin n'a pas vu une goutte d'eau depuis trois mois. C'est exceptionnel. On peut dire que ces phénomènes se sont amplifiés, de façon certaine.

Face à l'urgence, on voit l'homme tenter d'intervenir. Les Chinois bombardent les nuages pour avoir de la pluie et d'autres ont la tentation de refroidir la planète artificiellement. Qu'en pensez-vous ?

On appelle cela la géo-ingénierie. Il faut tout étudier. Mais la seule solution fiable actuellement, c'est de baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Si on les arrête totalement, on ne va pas résoudre le problème mais on va stabiliser les concentrations de ces gaz. Ensuite, elle baissera, mais très lentement. Tout ce qu'on peut imaginer comme scénario de géo-ingénierie n'est qu'un pansement sur une jambe de bois. On peut envoyer des aérosols dans l'atmosphère pour masquer le soleil mais, une fois qu'ils seront retombés, on n'aura rien résolu.

Mais des solutions plausibles existent ?

Il y a des choses à faire au niveau du cycle du carbone. Aujourd'hui, l'océan et les forêts nous permettent d'absorber la moitié des gaz à effet de serre qu'on émet. On peut étudier la façon d'augmenter cette fraction. Pour cela, il faut faire attention à l'utilisation des sols, ne pas déforester, ne pas émettre. Bref, mieux gérer notre territoire. Tout est bon à prendre en ce qui concerne la séquestration du CO2. La fertilisation des océans, qui permettrait la capture du CO2 par le plancton, est aussi une piste à explorer. Mais bien évidemment, chaque fois qu'on introduit une perturbation, il faut en mesurer les conséquences environnementales.

JACKY SANUDO

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