Je ne suis évidemment pas compétent pour juger de la qualité des récits de Ludwig Tieck par rapport aux récits originaux, encore moins pour évaluer celle de la traduction française de Sylvie Oussenko (qui signe par ailleurs une postface moyennement convaincante) par rapport aux originaux de Tieck. Mais j'ai en tout cas été séduit par ce petit recueil, d'une part parce qu'il rend accessible, dans une langue peut-être plus proche de la nôtre, des récits fondamentaux du légendaire fançais, d'autre part parce qu'il rend bien compte, par sa cohérence, d'un passage bien précis de l'histoire de la littérature allemande.
Ces récits de Ludwig Tieck sont en effet à la fois symptomatiques d'une domination de l'Allemagne par les lettres françaises à la fin du XVIIIe siècle, et d'un renouveau d'intérêt pour les récits légendaires, contes et autres "récits de bonne femme" chez les romantiques. Si à la fin du XVIIIe siècle, chez Ludwig Tieck, les réécritures de légendes se font encore à partir des classiques français, dans un second temps, avec les travaux des Grimm notamment (mais entre autres), c'est son propre fonds légendaire national que l'Allemagne tendra à vouloir se réapproprier.