Doit-on vraiment considérer que la crise financière est la cause de tous ces licenciements et fermetures d'entreprise ou était-ce la goutte qui a fait déborder le vase ? Je me pose cette question car les dégâts ne se sont pas seulement fait sentir dans les petites ou moyennes entreprises mais de grands noms et de puissants groupes ont également dû en tirer les conséquences.
Nous évoluons dans un marché globalisé (ou mondialisé) et les menaces surviennent de toute part. Exemple frappant et révélateur de mes propos, la vente par correspondance, les fameux VPC. La Camif a été liquidée sur l'hôtel de la crise mais cela faisait des années que ces ventes ne faisaient plus recette si j'ose dire. Outre des prix élevés, je pense que cette enseigne n'a pas su faire face à la concurrence. Il y a quelques décennies, la Camif faisait partie, avec La Redoute et les 3 Suisses, des quelques noms de VPC leaders sur le marché, un monopole partagé qui semblait non menacé et pérenne. Mais l'explosion des marchés et surtout des canaux de vente, en l'occurrence Internet, lui a arraché des ailes. Comme quoi rien n'est éternel en ce bas monde. Ses dirigeants auraient pu réagir mais ils se croyaient sans doute à l'abri (à moins qu'ils n'aient laissé faire volontairement), sauf que la population est curieuse et maintenant compare : elle n'hésite pas à aller voir ailleurs même si la fidélité était sans faille jusqu'à présent. Des meubles à plusieurs centaines d'euros sont de moins en moins évidents à obtenir quand on accuse une baisse du pouvoir d'achat et une hausse des prix depuis le changement de notre monnaie.
Les salariés des 3 Suisses craignent pour leurs emplois et ceux de La Redoute manifestent pour sauvegarder plus de six cent emplois. Ont-ils encore la possibilité de les sauver ? Je doute, la crise est le déclencheur de ce que l'on refuse de voir depuis un certain temps : la multiplication des possibilités d'acheter que ce soit l'offre commerciale à proximité ou les sites de vente en ligne devait forcément et mathématiquement se finir par un éparpillement du chiffre d'affaires. Avec le monde à portée de clic ou même la recherche par le consommateur des bonnes affaires voire du troc, les spécialistes dignes de ce nom auraient pu sentir le vent tourner. Ce phénomène de répartition sera de plus en plus la règle au fur et à mesure que les marchés vont s'ouvrir : l'énergie, le transport, la communication, font partie de ces domaines qui vont connaître à court terme des séismes sociaux et économiques sans précédent.
Pour qu'une entreprise puisse conserver une certaine force et ses parts de marché, elle doit savoir notamment se diversifier (ce n'est pas de moi qui le dit mais c'est ce que l'on apprend dans tout bon cours d'économie). Pour résumé, elle ne doit pas mettre tous ces œufs dans le même panier. Un bon exemple, c'est le marché de l'énergie. EDF et GDF divorcés, chacun est parti de son côté et s'est tout naturellement mis à proposer les produits et les services de l'autre. En communication, on nous parle déjà de l'arrivée d'un quatrième opérateur qui va, je l'espère, bouleverser la simili entente des trois opérateurs "historiques". Evidemment, la concurrence n'est pas forcément bon signe pour les syndicats et les salariés mais peut garantir aux consommateurs un juste prix des biens et services. Côté transport, nous arrivons à ce que l'on entend parler depuis le siècle dernier c'est-à-dire une ouverture à la concurrence du ferroviaire pour 2010, préparée déjà avec la création de RFF censé garantir un accès équitable aux voies aux futurs entrants. Déjà, certaines compagnies étrangères comme la Deutsch Bahn ou les Italiens grignotaient sur le territoire. Mais là, cette ouverture va voir débarquer de nombreux candidats comme Air France ou Virgin qui sont déjà sur le pont.
On peut accuser la crise de tous le maux mais il faut être juste. La crise est certainement intervenue dans tous les processus de déstabilisation et de cessation, mais si elle en a été parfois la cause, ce séisme financier en a été également le déclencheur ou le couperet voire un prétexte. Comme je l'ai déjà dit auparavant, une crise, au même titre qu'une catastrophe naturelle, sert malheureusement à remettre un peu d'ordre et d'assainir. Ce grand nettoyage servira à ceux qui vont rester debout à repartir du bon pied et sur des bases plus saines qu'auparavant. Après la pluie, le beau temps. Le phénix renaît de ses cendres. A quelque chose malheur est bon. On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Bref, vous aurez compris ce que je veux dire.