Belle affiche mardi soir à Clermont-Ferrand. Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Jean-Paul Besset se sont retrouvés à la Maison du Peuple dans le cadre de la campagne des élections européennes. Europe Ecologie est certes constituée des Verts mais pas seulement. Elle constitue surtout le pari un peu fou de regrouper sous une bannière commune des personnalités éclectiques en vue des élections européennes. Et a priori, la mayonnaise semble prendre.
Avec les Verts, on le sait, rien n’est simple. Les Gaulois de la politique semblent bien pourtant s’être trouvés avec Cécile Duflot un chef de file capable de mettre un peu d’ordre dans la maison. Lors d’un conseil national, samedi 17 et dimanche 18 janvier, les Verts ont validé, malgré les réticences des amis de Dominique Voynet, leurs têtes de listes et donné leur dernier aval à l’alliance Europe écologie que l’eurodéputé Vert allemand Daniel Cohn-Bendit a initié avec José Bové, Yannick Jadot et Jean-Paul Besset.
La décision n’allait pas de soi. Le pari est risqué. L’accord “historique” marque, en effet, la fin de la suprématie des Verts sur l’écologie politique française. Pour un temps au moins. Pour se relancer après avoir été laminés lors des dernières présidentielles (1,57%), les Verts ont choisi la revitalisation forcée à travers une alliance avec la société civile. Au delà, le mouvement écologiste espère retrouver une nouvelle crédibilité en s’appuyant sur la notoriété de personnalités de premier plan.
Daniel Cohn-Bendit redoutable bretteur et fin politique a réalisé il est vrai une véritable dream team : Eva Joly, Michèle Rivasi (créatrice de la criirad), José Bové, Sabine Bélier (ancienne directrice de France nature environnement), Yannick Jadot (ex Greenpeace), Antoine Waechter, François Alfonsi (fédération Régions et peuples solidaires) et Jean-Paul Besset (Fondation Nicolas Hulot).
Mais, plus que l’abandon du leadership de la campagne à Daniel Cohn-Bendit, les Verts ont fait le sacrifice de laisser la rédaction du manifeste, le socle idéologique du rassemblement, à JP Besset, présenté souvent de façon réductrice comme le bras droit de Nicolas Hulot. Enfin dernier effort et non des moindres, les Verts acceptent de se contenter de trois postes éligibles sur huit escomptés.
Il ne suffit pas pourtant d’avoir les meilleurs solistes pour obtenir une musique mélodieuse. Encore faut-il arriver à les faire jouer ensemble et éviter la cacophonie. Et pour l’instant, à l’image de la réunion de Clermont-Ferrand, ça semble bien fonctionner.
Jean-Paul Besset, le régional de l’étape, tête de liste pour la circonscription centre-auvergne-limousin, a tenu un discours vérité, volontairement alarmiste sur l’état de la planète. L’éminence grise de la coalition a insisté sur le caractère systémique de la crise économique actuelle et la nécessité d’opérer une mutation de notre société. A ce titre, Europe Ecologie fait preuve d’une réelle originalité en rejetant le concept dominant de procéder comme le prônent le PS et l’UMP, à une relance. Une relance pour quoi ? Pour une croissance effrénée et sans limite ? Jean-Paul Besset estime au contraire que la situation actuelle est une exceptionnelle opportunité pour changer de cap et revoir notre façon d’être au monde.
Pour prendre le virage, Europe écologie peut s’appuyer sur les petits bras et la gouaille de José Bové. Homme de combat résolument pragmatique, la tête de liste de la circonscription Sud-Ouest veut transformer les déclarations d’intention en actions politiques concrètes. Dans son viseur, la réalisation de cette Europe sociale tant attendue. Une Europe généreuse et ouverte, aux antipodes de l’Europe des égoïsmes et des nationalismes que la crise actuelle dessine.
L’idéal européen, c’est tout le credo de Daniel Cohn-Bendit qui a tenu à rappeler que malgré toutes les critiques, la construction européenne, en seulement un demi-siècle, a réussi à transformer un empilement de nations belliqueuses en un espace de paix. Sans vouloir copier de près ou de loin Obama, Daniel Cohn-Bendit veut faire renouer les Européens avec le rêve et l’espoir. “Je ne suis pas au parlement européen pour pleurnicher mais pour transformer le capitalisme”.
Le volontarisme de Dany le rouge est intact assorti désormais avec le poids des années de beaucoup de pragmatisme. Ambitieux pour ses idées il compte bien faire des Verts du parlement européen plus que du poil à gratter. Une force politique avec laquelle il faudra compter, déterminée à peser sur le quotidien des citoyens européens.
Crédit photo : Les Verts