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Jean-Michel Reynard

Par Florence Trocmé

« Jean-Michel Reynard est cet écrivain suicidaire qui se déplace avec maîtrise et hardiesse dans un texte-paysage hérissé de pièges et de couteaux, parsemé de fondrières et d’eaux croupies, ruisselant de laves et de venin. Il poursuit sous tous les angles, et dans les moindres encoignures, une vérité de l’autre et de soi qui le hante, et la vérité se tient cachée dans sa poursuite même.
Jacques Dupin, préface de L’Eau des fleurs

« Livres posthumes, L’Eau des fleurs et sans sujet auront été portés comme deux viatiques par Jean-Michel Reynard. Sans doute contenaient-ils, l’un comme l’autre, de la somme effarée du premier, où le rien de l’existence, le rien de l’il y a des choses, se confronte à la nudité glissée d’une expérience de la mort [...] au journal ras et déclaré tel des dernières années (sans sujet), la synthèse pressée de l’existant écrivant au bord de la disparition de l’espèce ; écrivant dans le flux et le reflux des marées, dans le vent engouffré des palmes, écrivant l’un l’autre le propre reflux de son sang malade de la langue séparant ici en deux, et pour toujours dans la mort elle-même »
Emmanuel Laugier, postface de sans sujet

« Né le 25 avril 1950 à Paris, dans un milieu modeste, Jean-Michel Reynard se passionne très tôt pour la poésie, la peinture et la musique. Plus tard, il étudie la philosophie à la Sorbonne et soutient une maîtrise sur Heidegger. Il exerce plusieurs métiers avant de partir enseigner à Abidjan, en 1979. D'abord marié à une jeune femme d'origine vietnamienne, il s'éprend de l'Asie et des cultures thaïe, laotienne et cambodgienne ; il apprend le thaï, qu'il parle et écrit couramment. A partir de 1994, et jusqu'à ce que la maladie interrompe, le 24 novembre 2003, sa vie professionnelle, il exerce le métier de correcteur au Journal officiel. Ami d'André Du Bouchet, Jean-Michel Reynard vouait à l'œuvre de ce poète une admiration nourrie d'une connaissance intime, dont témoigne un livre, L'Interdit de langue. Solitudes d'André Du Bouchet (Fourbis, 1994). Comme Du Bouchet, dont la mort en 2001 l'avait profondément affecté, il associait étroitement peinture (Tal Coat, Bacon, Riopelle, De Kooning, Soulages, Rothko...) et poésie. Heidegger est également l'un des pôles de cette réflexion exigeante et approfondie. C'est en 1981 qu'il publia son premier livre de poèmes, Maints corps des chambres (Maeght éditeur, avec des dessins d'Alechinsky) »
Patrick Kechichian, nécrologie parue dans Le Monde, le 30 novembre 2003.

Bibliographie
Maints corps des chambres, Editions Maeght, 1980
Gisement, préface à L’Espace autrement dit de Jacques Dupin, éditions Gallilée, 1982
Todtnauberg, par Truinas : les fleurs, Editions Thierry Bouchard, 1982
Adresse de mai (lithographie de Jean-Luc Herman), Edition Spiess, 1985
Nature, et mortes, Editions André Dimanche, 1987
Monnaie courante, Flammarion, 1988
Poèmes d’amour de la raison close (eau-forte de Gilles du Bouchet), Fourbis, 1991
Peine perdue, Messidor, 1991
Civilité (peintures de James Brown), Editions Galerie Lelong, 1991
Le Détriment, Fourbis, 1992
Fredaine (monotype de Gilles du Bouchet), éditions Deyrolle-Verdier, 1993
L’Interdit de langue, Solitudes d’André du Bouchet, Fourbis, 1994
L’Eau des fleurs, romance (préface de Jacques Dupin), Editions Lignes-Léo Sheer, 2005
sans sujet, postface d’Emmanuel Laugier, Lignes, 2008

L'eau des fleurs et sans sujet sur le site des Editions Lignes

Sur le site des Editions Léo Scheer
Un poème à Jean-Michel Reynard d’Emmanuel Laugier
Un article de Ronald Klapka sur le site remue.net
Un article d’Emmanuel Laugier sur Sitaudis
Une page sur le site Marelle
Un article du Matricule des Anges


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