A la lecture de la presse spécialisée et des commentaires qui fleurissent sur les forums dédiés au rugby, on se dit que cette équipe de France a beau avoir du potentiel, il lui manque un petit "quelque chose" qui sépare une bonne équipe d'une grande.
Ce "quelque chose" est sans doute à chercher du côté de l'agressivité. Entendons nous sur cette notion. Il ne s'agit pas de revenir au temps des "hordes sauvages" décriées par la presse britannique de bas étage. Simplement de faire valoir aux adversaires qu'ils ne pourront pas impunément continuer à pourrir les ballons ou nettoyer les rucks de manière déloyale. Puisque l'arbitre n'est pas toujours disposé à utiliser son sifflet de manière équilibrée, il convient d'y suppléer.
Evidemment, on ne demande pas aux joueurs de se faire justice, mais simplement de se faire respecter. On se souvient de la façon dont un Cédric Soulette avait fait en sorte que Josh Kronfeld, ancêtre de Richie McCaw, cesse de perturber les regroupements tricolores lors de la demi-finale de Coupe du Monde 1999. A cette époque, déjà, les Blacks étaient accusés d'avoir parmi eux un expert en pourrissement de ballon, dont le talent et l'aura le mettait à l'abris des réprimandes arbitrales.
Pour revenir à la première journée du Tournoi, on constate que les deux vainqueurs les plus probants du week end, l'Irlande et le Pays de Galles, comptent dans leur effectif deux joueurs emblématiques, capitaines de leur effectif, qui plus est : Paul O'Connell chez les verts, Martyn Williams chez les rouges. Ces deux-là peuvent visiblement se permettre des comportements qui fleurtent avec la limite. Et si Williams a fini par récolter un carton jaune en fin de match, il a eu suffisamment d'occasion de perturber son adversaire, particulièrement dans le jeu au sol, et de conforter la victoire à son équipe.
Que dire de Paul O'Connell, régulateur de cette équipe d'Irlande qui semble tellement diminuée quand son colossal rouquin est absent ou simplement en méforme (rappelez vous le match de coupe du Monde contre la France...) ?
Incontestablement, il manque un joueur de sa trempe au XV de France. Marc Lièvremont le disait lui-même lors d'un interview : cette équipe manque de "vice". Elle cherche aussi un leader capable de la conduire à la limite, d'en imposer à l'arbitre, tout en sachant jusqu'où jouer avec l'interprétation que ce dernier fait des règles.
Samedi, on a vu Lionel Nallet, le capitaine tricolore, subir les décisions de Monsieur OWens avec incompréhension et fatalisme. Il n'a pas pu, ou pas su, prendre les choses en main, recadrer ses partenaires. Et malheureusement aucun de ses coéquipiers ne semble avoir actuellement un ascendant suffisant pour suppléer le capitaine.
Evidemment, on ne vit pas dans ce groupe et on ne connait pas son mode de fonctionnement. Mais à l'épreuve des faits cette équipe de France paraît incapable de transcender les difficultés.
Ce XV est un
groupe de soldats, braves et combatifs. Mais il lui faut un
général.