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Bellini : le chemin vers le surréalisme

Publié le 11 février 2009 par Myriam

Bellini - Agonie dans Le jardin des oliviers, vers 1465

A l'occasion de mes recherches picturales pour illustrer les notes sur Mantegna, j'ai découvert ce tableau de Giovanni Bellini, "Le Christ au jardin des Oliviers" (The National Gallery, Londres), peint vers 1465, et je l'ai trouvé saisissant de modernité, à un tel point que j'ai cru voir un tableau de Dali.

Il est vraisemblable que Bellini (si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur ce peintre, je vous recommande cette note sur le blog "La Dilettante") avait à l'esprit le tableau de Mantegna "La prière au jardin des oliviers", peint vers 1453-1454. S'il reprend, peu ou prou, la même composition avec le Christ, en position surélevée, en prière, alors que les trois apôtres dorment d'un sommeil profond, il en diffère radicalement en nous plongeant non plus dans les rochers telluriques, mais dans la terre ocre, dans une nature largement remaniée par la main de l'homme, qui s'ouvre sur un horizon élargi, avec les couleurs de l'aurore qui éclairent, à l'arrière plan du tableau, le village situé en hauteur.

Dali - Persistance de la mémoire

En regardant ce tableau de Bellini, je ne peux m'empêcher de remplacer les apôtres et le Christ par ces montres molles et le tour est joué ! Je me trouve devant ce tableau surréaliste très célèbre de Dali, "Persistance de la mémoire", peint en 1931, soit près de cinq cents ans plus tard. Et je vous offre ma libre divagation : même composition générale avec deux tiers occupés par la terre et un tier par le ciel, mêmes tonalités ocre et bleu en majorité, même hyper-précision dans le rendu de ces deux tableaux (jusqu'au détail des barrières en bois pour Bellini, des fourmis sur la montre en or pour Dali - un clin d'oeil aux deux ruches de l'autre tableau de Mantegna ? -), même traitement de la nature avec la présence de la terre et d'un petit promontoire, même élargissement de l'horizon avec la clarté de l'aurore qui éclaire le haut du tableau et les falaises excavées, même présence d'un arbre mort ...

Pour l'un, le temps était désormais compté avant de connaître l'éternité, Judas et les soldats venant arrêter Jésus au petit matin, pour l'autre on sent à la fois la déliquescence, la pourriture de la chair avec les fourmis qui attaquent le métal, la mort, mais en même temps, on est plongé dans un espace-temps qui se dissipe dans le lointain, intemporel, éternel, ...


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