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Après les bourdes, reculs et pantalonades, voici les excuses en cascade en Sarkofrance. Le 5 février dernier, Nicolas Sarkozy expliquait que le Royaume Uni n'a plus d'industrie, à la différence de la France. Parce que l'Angleterre, il y a vingt-cinq ans, a fait le choix des services, et notamment des services financiers". Or c'est l'inverse ! L'industrie ne pèse que 14% du PIB français, contre 16% au Royaume Uni (et 26% en Allemagne). En valeur absolue, nos voisins britanniques sont les sixièmes producteurs mondiaux de produits industriels devant la France. Pire, la production industrielle s'est effondrée de 11% au dernier trimestre de 2008. Mardi 10 février, l'Elysée a publié un communiqué, suite à ces déclarations imprudentes. "L’Elysée a pris contact avec Downing street pour confirmer au Premier ministre BROWN que le Président SARKOZY déplorait la manière dont ses commentaires sur l’économie britannique ont été rapportés au Royaume-Uni. Le Président de la République a rappelé toute l’estime personnelle qu’il porte à M. Gordon BROWN, et en particulier au rôle moteur qu’il a joué pour élaborer une réponse commune face à la crise que nous traversons actuellement. Le Président SARKOZY et le Premier ministre BROWN ont d’ailleurs travaillé étroitement ensemble pour contribuer à apporter une réponse européenne face à une crise économique globale. " De son côté, l'Europe a très mal réagi au plan français de soutien à l'industrie automobile. Le maintien de l'emploi entre France contre des aides publiques n'est pas du goût de la présidence tchèque. José-Manuel Barroso, le président de la Commission, a lancé un cri d'alerte au lendemain des annonces françaises: "Il est très important qu'au plus haut niveau nous gardions une approche commune qui respecte les principes de l'Union européenne." L'ex-avocate d'affaires Christine Lagarde, ministre de l'économie, a prévenu: "Il n'y a pas de relent protectionniste" dans le plan automobile, a-t-elle dit aux journalistes. "Il y a le souci de vraiment se focaliser sur la recherche, le développement, la qualité de nos véhicules automobiles, et puis les contreparties qui ont été négociées avec les constructeurs, et qui prévoient notamment qu'il n'y ait pas de fermetures de sites et que les constructeurs fassent tout leur possible pour éviter des licenciements" Mais la Commission européenne a demandé à la France de s'expliquer, non pas au sujet des prêts aux constructeurs, mais plutôt des contreparties exigées du gouvernement français en matière de maintien de l'emploi en France. D'ailleurs, Volvo, co-actionnaire de Renault Trucks a annoncé mardi 10 février refuser l'aide de l'Etat français à cause de ses contreparties trop "drastiques." Rappelez-vous, en novembre dernier, Nicolas Sarkozy, alors président du Conseil européen, se félicitait d'avoir éviter à l'Europe un retour au protectionisme des Etats au plus fort de la crise, en signant la déclaration de principes du G20 qui s'était tenu le 16 novembre dernier. Depuis, le président français semble avoir fait volte face. Jean Quatremer pointait du doigt cette contradiction française la semaine dernière: "Le chef de l’État, tels docteur Jekyll et mister Hyde, a deux visages : l’un, Européen, l’autre, nationaliste. Et aux citoyens de s’y retrouver. Jeudi, lors de son interview radiotélévisée, il a, en effet, à la fois plaidé pour une action coordonnée des Vingt-sept contre la crise et pour un protectionnisme national totalement en contradiction avec sa première proposition." Amateurisme ou incompétence ? La France qui souffre : "y a d'la joie" par politistution Lire aussi: Se protéger (Le Monde, édito) &alt;=rss