Il s'était échappé prématurément alors que je voulais encore le retravailler, et finalement je suis à sec de texte... sans avoir pris le temps de m'y mettre... Tant pis ;-)
Le médecin est une personne comme les autres... il y a des bons et des mauvais, des tranchants comme une lame et des chaleureux qui vous mettent à l'aise, des très bons techniciens et des très bons communiquants. Le médecin qui est bon en tout est rare... (Surtout gardez-le si vous en avez un)
Et parfois le médecin passe de l'autre côté du bureau....
Il n'arrive d'abord pas à le croire parce qu'il croyait bêtement que son rôle de soignant le protègerait... Il n'est d'ailleurs pas le seul à le croire et doit supporter en période de vœux des remarques du genre « Mais on ne vous souhaite pas la bonne santé docteur, hein ! »
Dommage, le docteur en aurait pourtant bien eu besoin.
Mais un médecin malade, c'est un peu comme une diététicienne obèse ou un dentiste à chicots, ça ne se peut pas, ça fait contre publicité. Alors le docteur fait comme s'il n'était pas malade.
Il comprend désormais certains de ces « problèmes de malade », il fait plus attention à sa façon de dire certaines choses, il essaie de rester humain sans sombrer dans la rancœur quand il a dans son bureau des malades qui n'en sont pas et voudraient tant l'être « Mais vous êtes vraiment sûr que ce n'est qu'un banal canal carpien et non une maladie neurologique grave et invalidante ? Ne voudriez-vous pas me prescrire plutôt une 5ème IRM histoire d'être vraiment sûr ? ». Il essaie de trouver un sens à ce qui lui arrive, même s'il n'y en a pas. Mais ça lui évite de sombrer.
Il essaie aussi de garder la distance qu'il faut, et de ne pas "pleurer" avec ceux qui viennent le voir avec la même pathologie que lui. Les mots « je vous comprend pour vivre la même chose » flirtent parfois dangereusement avec le bord de ses lèvres mais il est des secrets qui doivent le rester.
Le médecin est une personne comme les autres, mais certainement pas un malade comme les autres. Il sait ce qui l'attend, il se sent honteux devant ses collègues parce qu'il a changé de camp (comme s'il y pouvait quelque chose) et il voit dans leur regard leur peur de se retrouver à sa place.
Il sent qu'il les dérange en leur rappelant que non, être médecin ne protège pas.
Le médecin est une personne comme les autres que la maladie rend peut-être différent, peut-être et probablement plus humain. Mais un médecin malade n'en devient pas pour autant un meilleur médecin, s'il était mauvais, il le restera.
Le médecin est une personne comme les autres.