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Alors, polytechnique, on en parle?

Par Helen
C'est le succès sociologique du moment. Des records de box-office, des tribunes débordant d'opinions, des tonnes et des tonnes de questions...mais au fond, que vaut Polytechnique?
3e long de Denis Villeneuve, son plus abouti, son plus ambitieux aussi, le film reconstitue la tragique journée du 6 décembre 1989. L'intelligence d'un réalisateur d'une finesse et d'une pudeur admirables est là, dans chaque plan, chaque cadrage. La photo de Pierre Gill, jouant d'un noir et blanc âpre et rugueux soutient la démarche cathartique. Le son se démultiplie, nous enfermant encore davantage dans les couloirs de cette école où nous nous asphyxions avec les élèves. Le malaise est presque physique. Maxime Gaudette glace le sang. Sébastien Huberdeau assiste, impuissant, à la tuerie. Le choc est là. L'esprit se prend une claque dont il se relève plus riche. La blessure reste béante, mais le cinéma a fait sa part d'exorcisme.
Ca, c'est pour la première partie, morceau de cinéma mémorable aussi bouleversant qu'il est maîtrisé, s'achevant d'ailleurs par un des plans (une plongée, une voiture) les plus troublants des dix dernières années.
Pour la seconde, la donne change. Karine Vanasse devient le personnage principal et la suivant dans son drame, le récit s'embourbe dans un didactisme déplaisant et lourd. Le film se délite, les compromis de production s'affichent, la pensée se ratatine et la naïveté de la tentative d'apaisement exaspère. L'essai n'est qu'à moitié transformé. La blessure se rouvre.

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