J'ai trouvé plus éloquent que moi pour prôner l'abstention aux européennes :
L'Europe vit en partie double : d'un côté des institutions solides et des compétences politiques indigentes. De l'autre, de grandes ambitions programmées et des institutions et des institutions
politiques débiles : des sommets sans portée, des agendas sans contrainte, des déclarations sans effet, les mots inlassablement vendus à la place des choses.
Si les élections européennes agacent à ce point, c'est qu'elles sont parfaitement incongrues dans l'Europe telle qu'on la fait aujourd'hui. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin, et ne pas tordre le
cou à des élections qui soulignent le double langage de nos dirigeants ? Un peu de franchise que diable !
C'est signé Jean-Louis Bourlanges, dans l'Expansion de février 2009, titre de l'article "ce scrutin n'est plus qu'une corvée". Si vous connaissez plus pro-européen que Bourlanges (avec un
cerveau, certains ne comptent pas), dites-le moi.
Lire aussi un entretien accordé au Monde par cet homme
lucide (dans l'Expansion, toujours, il expédie : "le Parti socialiste, cet opposant en peau de lapin"), pour expliquer le non-renouvellement de sa candidature au Parlement européen.
Extraits :
Je suis de ceux qui pensent que ce n'est pas l'Europe qui a fait la paix, mais la paix qui a fait l'Europe. Je reconnais le caractère scandaleux du propos puisqu'il signifie, à rebours de ce
que pensent les Français, que c'est la Pax Americana, la sécurité et la sérénité qu'elle a apportées aux Allemands, aux Français, aux Italiens et aux Bénéluxiens qui leur a permis de s'engager sans
crainte sur la voie du rapprochement et de l'intégration.
[...]
Cette paix intérieure garantie ne conduit-elle pas d'ailleurs à un émiettement des Etats, comme on le constate en Belgique, voire en Espagne avec la Catalogne, le Pays basque, etc.
Il est vrai que l'Union européenne apporte à des entités infra-étatiques la possibilité d'une sécession sans risque. Ce n'est toutefois pas l'explication principale de la fragmentation
actuelle. C'est la crise des grands systèmes idéologiques et des solidarités qu'ils généraient qui favorise ce foisonnement identitariste. Au lieu d'opposer l'Etat national et l'Union européenne,
on serait bien avisé d'observer que c'est le même mouvement de refus du partage nécessaire à toute vie collective organisée qui fracasse les Etats nationaux et paralyse l'Union européenne.
[...]
Assemblée politique d'une Union qui n'aime pas la politique, le Parlement européen, même s'il ne cesse de grignoter du pouvoir, fait trop souvent figure de porte-avions condamné à faire des ronds
dans l'eau.
(je rajouterais que l'Union ne craint pas tant la politique que la démocratie...)