Oh, le vilain storytelling !

Publié le 10 février 2009 par Dangelsteph
Marketing des marques, publicité, politique, guerres...

Partout, « la réalité est mise en fiction », genre propagande de la pire période de la Russie communiste. Entendez : fini l'esprit cartésien, la tradition rationaliste héritée des Lumières, place aux histoires. On nous raconte des histoires comme un conteur à des enfants, et c'est un processus de « dressage, de domestication, qui vise à s'approprier savoirs et désirs des individus ».

Pour qui découvre le storytelling (organizational storytelling) avec le livre de Christian Salmon, « Storytelling » - éd. La Découverte, sous-titré « la machine à formater les esprits » (c'est le seul livre en français sur le sujet), l'analyse paraît séduisante et le sort du storytelling semble réglé.


Livre à charge, c'est sûr, mais qui mélange allègrement les gens et les genres.

Oui, les histoires prennent le pas sur des argumentations techniques, sur les chiffres assénés, dans tous les domaines, mais pourquoi parler de fiction : entre des racontars d'hommes politiques, genre Bush ou d'autres plus proches de nous, et une histoire réelle, exemplaire, tirée du quotidien d'une entreprise, racontée à ses employés pour améliorer les performances de chacun, il y a autant de diffrérences qu'entre un film de cinéma et un documentaire. Tout n'est pas à mettre dans le même sac.

Quand on lit les livres du grand spécialiste du storytelling, Steve Denning, pas un mot sur son utilisation politique, plein d'exemples par contre de succès ou d'échecs, chez IBM, Xerox... Le politique détourne le storytelling de sa vocation -l'efficacité, mais obtenue de façon réglo-, ce n'est pas une raison pour généraliser. Tout le monde a son permis de conduire : certains l'utilisent pour rouler normalement, d'autres pour lancer des voitures bélier contre des vitrines.

Selon Christian Salmon, le storytelling fait appel aux émotions. Et alors ? Nous ne sommes pas de froids robots. Et puis, du storytelling qui raconte une histoire vraie ou du moins vraisemblable n'est pas dénuée de faits, de rationalité non plus.


Alors oui, avec le storytelling on cherche à influencer autrui. Tout comme l'abbé Pierre, en 1954 à la radio, a raconté une histoire pour pousser les Français à l'action. Est-il blamable pour autant ?


Sarko-Bruni: Tout était écrit
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D'autres posts sur Christian Salmon : les histoires à la casse et rencontres d'un deuxième type.
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