On parle beaucoup de l'actualité de l'eau... mais très prosaïquement, quelle eau boire ? « Eau du robinet, eau de source, eau minérale naturelle, plate ou gazeuse ? Toutes les eaux de boisson ont leurs qualités... et parfois leurs défauts », indique dans Nutinews hebdo le Pr Léon Guéguen, directeur de recherche honoraire de l’INRA. Une fois qu’on les connaît, tout est affaire, de goût et de prix : les eaux minérales sont 100 à 200 fois plus chères et les eaux de source 40 à 100 fois plus chères que l’eau du robinet !
Souvent injustement suspectée, l’eau du robinet est probablement le produit alimentaire le plus surveillé ! Les contrôles sont fréquents et rigoureux, les accidents extrêmement rares. L’eau du robinet répond à des normes de potabilité très strictes. Elle est désinfectée et protégée durant son parcours. Sa minéralisation varie selon les régions, mais elle n’est jamais excessive, toujours inférieure à 1.500 mg par litre. Sa teneur en nitrates est réglementée à 50 mg par litre et contrairement à une idée reçue (qui sert d’argument publicitaire pour certaines eaux en bouteille) même le dépassement de cette norme est inoffensif pour les adultes ! Si elle n’entraîne pratiquement aucun risque sanitaire, le goût de l’eau du robinet laisse parfois à désirer :dans certaines zones de distribution, la note chlorée est parfois un peu forte. On conseille alors de mettre l’eau en bouteille et de la laisser un peu ouverte au réfrigérateur et d’y glisser quelques feuilles de menthe ou d’y ajouter un demi citron pressé
L’eau de source a les mêmes limites de minéralisation que l’eau du robinet et ne peut donc mettre en avant de « propriétés minérales » particulières. Elle n’a pas l’obligation d’une composition constante : une bouteille de la même marque peut avoir une composition variable suivant l’eau de source utilisée. Les acheteurs ne savent généralement pas que l’eau de source peut avoir des sources variées...
L’eau minérale est dite naturelle, ce qui ne veut pas dire sans traitement : sa composition peut en effet être modifiée après captage, dans le but de modifier sa teneur en minéraux ou de la gazéifier avec du gaz carbonique. En principe, elle doit avoir des « caractéristiques propres susceptibles d’exercer des effets bénéfiques sur la santé », selon la définition du ministère de la santé. Les eaux minérales sont très diverses et se distinguent surtout par leur minéralisation plus ou moins forte. Certaines peuvent aider à compléter l’apport de sels minéraux dans une alimentation carencée. D’autres ne sont pas plus riches en minéraux que l’eau du robinet ou l’eau de source, voire même moins riches, et ne peuvent guère alléguer d’effets sur la santé. D’autres enfin sont si fortement minéralisées qu’elles demandent des précautions d’emploi, en rapport avec le reste de l’alimentation quotidienne : l’excès en tout peut être nuisible !
En cas d’abus, une eau très riche en sodium pourrait favoriser l’hypertension. Une eau très riche en sulfates, la fuite urinaire du calcium. L’excès de fluor peut être cause de lésions osseuses et dentaires : une trop forte consommation d’eau fluorée peut être plus nocif que bénéfique. L’excès de magnésium a des effets laxatifs et on le soupçonne même de pouvoir favoriser des accidents respiratoires. Les eaux plates ou gazeuses à faible ou moyenne minéralisation ne posent pas de problème. Mais une quinzaine de marques d’eau minérale demanderaient des précautions d’emploi.
L’Académie de médecine estime nécessaire d’améliorer l’étiquetage des eaux minérales pour le rendre plus clair et plus lisible, avec la mention éventuelle de caractéristiques particulières et si nécessaire une mise en garde contre une consommation régulière ou excessive.
source : Nutrinews hebdo