Des photos vues jusqu’ici dans des livrets, des petits journaux que le facteur apporte, des vitrines, dans des formats intimes, arrangées en séries dont le sens se dévoile peu à peu au fil du regard : jeux des correspondances, jeux des formes ou des thèmes, récurrence des objets ou des gestes. De ces répétitions naissaient des harmonies, des cadences, des symboles, émergeaient des sens cachés derrière la surface de la photographie. Photos trouvées et ranimées, ou photos prises, c’était une longue série de liens, de souvenirs, de rebonds. Photos ordinaires de vacances ou de famille auxquelles la collection, l’assemblage, le tri, le montage donnaient une autre vie, C’est tout ce que j’avais vu jusqu’ici du travail de Céline Duval (documentation céline duval), n’ayant pas assisté à une de ses projections diaporama.
Aussi est-ce un choc que d’entrer dans la galerie Sémiose (jusqu’au 14 mars) et d’y voir des grands formats, des tirages pour murs de galerie et surtout la photo ci-dessus occupant tout un mur : couple souriant dans un jeu anodin, créant cette photographie d’équilibre stable tant qu’il est confiant. L’intrusion de l’ombre du photographe, maladroite et inquiétante, dessine un culbuto sur le sable : rappel de la réalité de la prise de vue, irruption du tiers dans le couple, forme d’un fléau de balance.
Des séries se recréent sur les murs, des images se répondent, ainsi ce ballon absent, perdu entre deux photographies à angle droit, que ces deux jeunes femmes ne cessent de se renvoyer : comme un témoignage de ce que la photographie ne sait pas montrer de ce qui disparait dans l’interstice temps-espace. Et j’ai beaucoup aimé cet équilibriste, comme un témoin lui aussi prélevé sur le monde des vacances.Photos courtoisie galerie Sémiose.