François Bayrou est l’homme du passé. Cette phrase prononcée par le porte-parole de l’UMP lors d’une interview accordée au Talk-Orange-Le Figaro lundi 9 février m’a dans un premier temps irritée, puis lorsque l’on connaît un peu l’auteur de cette formule, cela m’a fait sourire et pouffer. Habitué des formules plus ou moins percutantes, Frédéric Lefebvre s’est toujours appliqué (même dans les couloirs de l’Assemblée nationale où il n’était qu’attaché parlementaire en charge des relations avec le Parlement) à tacler verbalement le leader centriste, c’est une constante chez lui. Cependant, c’est quoi un homme du passé ? Quelqu’un qui ne regarde que ce qui a été fait au préalable pour en tirer les conséquences et eviter ainsi de perpréter les mêmes erreurs ? Une personne trop âgée pour prétendre avoir un avis sur le présent ? Un individu n’ayant pas de vision pour l’avenir ? Frédéric Lefebvre, qui comme il le précise lui même a commencé sa carrière politique au sein du cabinet de Jacques Chaban-Delmas (cela ne nous rajeunit pas !) s’est autorisé cette sortie personnelle (et télécommandée ?) car François Bayrou a osé défendre l’indépendance de la défense française dans son discours clôturant la Convention nationale du Modem dimanche dernier. Cette attaque en règle, le lendemain de la présentation des têtes de listes du Modem aux prochaines élections européennes, est symptomatique d’une certaine inquiétude au sein de la majorité présidentielle. En politique, on ne réserve ses attaques les plus acerbes qu’à ceux qui nous font réellement peur et qui pourrait nuire à notre prodigieuse ascension. Pour info : le Modem est crédité entre 12 et 14% des voix à ces élections. Par ailleurs, le Président de la République nous a longuement expliqué que son boulot était tout de même très éprouvant et difficile (je n'en doute pas un instant mais il l'a voulu, non?), il serait gênant et désagréable pour Sa Majesté que le trublion démocrate du Centre (qui après avoir perdu une grande partie de ses troupes parlementaires nationales) puissent reconstituer une « Dream Team Européenne ». Il ne faudrait pas gêner la tranquillité d’esprit de notre hyperactif Président. Avoir dans son champ de vision un électron libre qui dénonce les positions trop atlantistes de la France doit l’agacer…Il ne manque plus qu’à présent que ce même « provocateur » propose -enfin- des solutions tangibles et réalisables pour la France et l’Europe, pour qu’il soit non plus l’homme du passé mais l’homme de l’avenir prenant la première place du paysage politique français.