Souvent cité en contre-exemple, le système de santé britannique a connu une
évolution constante depuis sa création en 1948. Après une dérive concurrentielle (sous Thatcher et Major), le NHS (National Health Service) est revenu à des pratiques plus saines sous Tony
Blair. Le territoire a d’abord été quadrillé en 300 centres de soins (médecine de ville), desservant une population moyenne de 100 000 personnes. La gratuité des soins réaffirmée, il restait à
réduire les délais d’attente, à l’hôpital et aux urgences.
Le problème venait en premier lieu des plages horaires restreintes d’ouverture des cabinets médicaux. Les médecins de ville ont donc été contraints d’augmenter leurs plages horaires pour que le patient puisse les consulter plutôt que de filer directement aux urgences. Seulement, comme en France, nombreux sont ceux qui contournent quand même le système. Résultat, les effets de cette première mesure se sont peu fait sentir. Pour réduire l’engorgement des urgences, l’Angleterre a donc rationalisé son système de triage.Tous les cas de « bobologie » sont envoyés dans des « maisons médicales » qui se trouvent juste à côté des services des urgences et qui dispensent des consultations de généraliste à des horaires de nuit. Cet ensemble de réformes a permis de réduire demanière non négligeable les délais d’attente.
Le cas espagnol est également digne d’intérêt et de réflexion. Le système est basé sur un grand principe de solidarité réaffirmé par le gouvernement Zapatero. Le pays obéit à une logique de décentralisation jusque dans la santé.Madrid alloue les budgets aux 17 communautés autonomes du pays selon des indicateurs démographiques. Charge à elles d’utiliser l’argent. Le système d’information développé par les régions est exemplaire. Il a d’ailleurs inspiré le système anglais. Si certaines inégalités se font sentir, c’est en faveur d’une meilleure protection : il arrive ainsi que des autonomies plus riches abondent la dotation de l’État.
Le financement des hôpitaux appartient également aux communautés autonomes, qui
rentrent parfois dans des logiques de partenariat public/privé (notamment à Madrid aux mains du Parti populaire/droite). Le Pacto de la Sanidad (le pacte pour la santé), feuille de route du
PSOE, a toutefois réaffirmé son intention de garantir l’équité entre les citoyens, par la mise en commun des initiatives régionales au sein des six comités de discussion. Le dernier baromètre
sanitaire publié fin 2007 a montré que 7 espagnols sur 10 étaient satisfaits de leur système de santé publique.
Comme quoi, solidarité peut rimer avec efficacité.
Stéphanie Platat