« Ceux qui écrivent ont une façon si particulière de porter leurs yeux sur ce que nous ne saurions voir. Je suis une lectrice. Je ne serai jamais capable d'écrire le moindre texte, mais quand je lis le roman d'un écrivain, je suis toujours frappée de ce regard singulier : cette façon de saisir la banalité et d'en rendre compte sous un angle insolite, cet art de tisser un lien entre des choses qui n'ont pas l'air d'en avoir. (...) Et si je n'écris pas de roman, mon imagination récrit ceux que j'ai aimés avec un amour respectueux. La part de rêve que m'offre la lecture me révèle une réalité, la mienne. Je ne sais pas ce que trouve l'auteur en écrivant, mais je devine dans ce qu'il tait une réserve où puiser mes plus belles rencontres avec ce que j'ignore de moi-même. »
Ce texte est tout le contraire d'un étalage de vanité, ce serait plutôt du genre à chuchoter, à marcher sur la pointe des pieds. C'est un livre désarmant de tendresse ! La connivence entre les deux femmes est bouleversante, s'épanouissant sur un épilogue qui laisse pantois. Mais c'est extrêmement émouvant.
Il y a à travers chaque ligne de ce livre un hommage interminable sur le goût des mots, le pouvoir du livre, la magie de la séduction, et l'éblouissement de la première fois, lorsqu'on découvre une histoire, l'envie d'y être encore et toujours. Ce roman de Frédérique Deghelt est subtil, c'est un vrai tour de passe-passe (surtout concernant la fin). Une fois commencé, ce livre ne vous lâche plus. Il est ensorcelant ! Et tendre aussi, car les personnages sont magnifiques. Tout est beau dans ce roman. Lisez-le !
« Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombent des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l'existence. (...) J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres. »
Actes Sud, 2009 - 391 pages - 21€
la reconnaissance du jour : « Vous aimez l'accident d'un rêve enseveli dans un roman. Vous aimez que l'écriture accroche la douleur aux ténèbres pour en faire de la lumière. Je le sais, je le sens. »