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“Edward aux mains d’argent”, un ballet bien ciselé, à Paris

Publié le 13 octobre 2008 par Topika

Créée en 2005, la comédie musicale tirée du film de Tim Burton a pris ses quartiers hier, jusqu’au 2 novembre, au Châtelet. Et bonne nouvelle, jusqu’ici, les nombreux fans du film (culte) et de Johnny Depp n’ont pas trucidé les danseurs à l’arme blanche. Il faut dire que Johnny danse comme un pied et que l’adaptation, signée Matthew Bourne, a plutôt été bien pensée…

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Prenez un film culte (Edward aux mains d’argent), signé par un réalisateur mythique (Tim Burton), ayant eu lui-même l’idée saugrenue de faire jouer le premier rôle à un sex-symbol (Johnny Depp). Puis transposez-le sur une scène de théâtre. Est-ce bien raisonnable ? Le chorégraphe britannique Matthew Bourne s’est posé la question pendant huit ans – le temps de rencontrer Tim Burton et consorts –, mais pour lui c’était tout vu. Avantage collatéral de l’entreprise : tout fan ultime du cultissime Edward Scissorhands – il s’en trouve dans le monde entier – est un spectateur plus que potentiel. Risque collatéral : tout fan ultime du cultissime Edward Scissorhands est un détracteur en puissance susceptible de hurler au sacrilège. L’un d’entre eux aurait d’ailleurs menacé via Internet d’empoisonner Bourne s’il avait l’outrecuidance de mener à bien son projet. La première s’est jouée en 2005 à Plymouth et il est toujours vivant. Retour sur quelques trucs et astuces du chorégraphe pour faire de l’oeil à un vaste public : « Ça a l’essence du film, ça a le goût du film, mais ce n’est pas le film. »

Ce n’est pas le film.

Ça ressemblerait plutôt à une comédie musicale de type Broadway, sauf que la bande-son (en partie extraite de la B.O. historique de Danny Elfman) ne serait pas chantée, mais dansée. Et que le scénario aurait été revisité sans paroles avec la scénariste originelle de Burton, Caroline Thompson. Burton faisait naître Edward dans le cerveau d’un génial inventeur, mort avant d’avoir pu doter sa créature de mains, en lieu et place des cisailles qui lui pendent aux bras. Bourne en fait l’œuvre d’un père en deuil, ayant vu son fils terrassé un soir d’orage alors qu’il jouait avec des ciseaux. L’équipe burtonnienne tenait à ce que la pièce ne soit pas copie conforme. Et Bourne n’en est pas à sa première adaptation d’oeuvres légendaires. Casse-Noisette, Le Lac des cygnes (version 100 % mâle), Cendrillon, Mary Poppins et Dorian Gray sont déjà passées entre ses mains de chorégraphe adepte de l’humour scénique.

Ça a l’essence du film, le goût du film.
D’abord, un mix entre imagerie gothique et satyre des merveilles formatées de la banlieue résidentielle américaine (déclinées en couleurs pastel et costumes kitsch), dans laquelle Edward va échouer avec plus ou moins de bonheur. Ensuite, une figure d’outsider écorché en guise de héros (tout ado digne de ce nom se reconnaîtra). L’inimitable Johnny Depp n’étant pas danseur jusqu’à nouvel ordre, Bourne a pris soin de caster des comédiens – ils sont deux à jouer alternativement Edward – dégageant une certaine vulnérabilité plutôt que respirant une inaltérable confiance en eux. La petite histoire ne dit pas s’ils ont des sueurs froides à l’heure de reprendre le rôle ou de mener le ballet (classique, swing ou contemporain selon les scènes) munis de prothèses en forme de longs ciseaux… en plastique.

Par Cathy Blisson Télérama n° 3065

Du 8 oct. au 2 nov.
Théâtre du Châtelet
1, place du Châtelet
75001 Paris
France
Téléphone: +33-1-40-28-28-00
www.chatelet-theatre.com
(17,50-92,50 €)


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