Le 27 mars prochain s’ouvrira pour trois jours le 25ème salon annuel Destination Nature 2009 à Paris, Porte de Versailles. Je me souviens de mon premier salon Randonnées et nature, en 1984 au même endroit, il était très différent. La société a changé mais, sans doute jamais autant qu’aujourd’hui elle n’étale ainsi en même lieu ses contradictions. Un sympathique rendez-vous de presse, autour d’un buffet argentin, a réuni les initiés passionnés autour d’une présentation. J’en remercie Lonely Planet qui m’a référencé. Nous sommes en pleine bourrasque financière, en pleine interrogation sur le modèle économique ; la nature, hier soir lundi, s’était mise de la partie en faisant mugir une tempête due – dit-on – au réchauffement climatique.
Ce sont ces chocs qui m’ont amusé, moi l’observateur, grand voyageur et amoureux du monde, de ses habitants et de leurs idées. L’idée dominante était centrée sur l’air du temps : la préoccupation écologique, le respect de l’environnement, aider l’osmose entre l’humain prédateur et son milieu pour que l’alliance soit durable… C’est ainsi qu’ont été déclinés par Nassera Zaïd, rédactrice en chef du magazine Ushuaïa, les Philippines, partenaire d’écotourisme, où un Breton se préoccupe de faire revivre une île déboisée par l’agriculture. Au Groenland et au Spitzberg Marie Foucard de Terre d’Aventure-Grand Nord-Grand Large emmène de petits groupes en navire ex-scientifiques russes révoqués, avec les fils de Paul-Émile Victor, pour découvrir la nature en son plus simple, tout en préservant la flore et la faune fragile. Êtes-vous M. Jourdain ? Le « slow tourism », ce nouveau concept marketing, vous fait découvrir que vous êtes un voyageur sans le savoir en restant tranquille chez vous ou en explorant – prudemment – les alentours proches. Consommer moins mais mieux, réduire son bilan carbone, adapter ses rêves aux contraintes de la planète Terre, tout cela est bel et bon.
Pas très drôle, me direz-vous ? Plutôt popote, en phase avec une société qui vieillit et qui adore mettre de la Morale dans tout ce qu’elle fait ? Les médias se posant en prêcheurs de la Mission occidentale qui consiste (comme d’habitude) à dire aux autres peuples-enfants comment on doit désormais vivre ? Ah, mais vous n’y êtes pas ! Il s’agit d’être « tendance », c’est-à-dire de coller aux pulsions du temps. Fussent-elles contradictoires. C’est ainsi qu’a été décliné en même temps le raid extrême sur l’île de la Réunion créé et organisé par Gérard Fusil, le célèbre et dynamique inventeur du Raid Gauloise il y a 20 ans. Robert Dompnier, directeur de Tirawa se fait une passion de nous emporter au contraire très loin en Asie, en Amérique latine, en Afrique de l’est… tout ce qui émet du carbone à tire-larigot, la moitié de ces 5% de Français voyageurs, selon Ghislain Dubois, expert en tourisme et environnement, et Sandrine Mercier de France Inter, émission ‘Au détour du Monde’ !
Alors faut-il nous mettre aux arrêts, comme le comte Xavier de Maistre en 1841, auteur du fameux ‘Voyage autour de ma chambre’ ? (en téléchargement libre ici) L’injonction médiatique se heurterait-elle à la survie médiatique ? La première voudrait se garder le rôle de guide moral ; la seconde veut créer l’événement pour justifier son existence. Lutte de générations entre la nouvelle qui enfourche les dadas à la mode, tandis que la seconde reste sur son vivier de passionnés des années 80 ? On ne sort pas du médiatique, la société du spectacle se rit en son miroir. Les agences de voyage, pour être connues, doivent se présenter lors de salons à thème ; les médias, attirés par l’événement, doivent en rendre compte. Et tant pis pour les contradictions ! Chacun aura ainsi le loisir de choisir selon ses pulsions, imagination et raisons. Et pourquoi pas ? Au fond, quand on est jeune et avide de sensations, se faire défoncer par les épreuves est un plaisir d’endomorphines comme un autre. Qui veut au contraire se préserver tout en préservant la planète, choisira la lenteur des choses, la rencontre des gens et la méditation devant une cuisine de tradition.
Tirawa tient son nom d’une divinité que les indiens Pawnies reconnaissent comme père de toutes choses, créateur de tout ce qui existe et dispensateur de vie. La Réunion combine dépaysement, détente et possibilité de réaliser en toute sécurité des activités multiples, de moins 40 mètres sous la mer à plus de 3.000 mètres dans les airs. Chacun y trouvera son bonheur : randonnée à pied, en VTT, à cheval, en 4X4, canyoning, escalade, surf, plongée sous-marine, parapente…) et farniente sur une plage de sable blanc ou au bord d’une piscine en attendant le coucher du soleil. Les Philippines offrent leurs 7107 îles et une mosaïque de langues, peuple et paysages avec 12000 espèces de plantes, dont 6000 que vous ne verrez nulle part ailleurs, 500 espèces d’oiseaux, 500 coraux, sans oublier ses femmes et ses gosses beaux comme des dieux exotiques.
Allez donc au salon Destination Nature les 27-28 et 29 mars prochain, à la Porte de Versailles à Paris. Vous y trouverez votre bonheur, et pas forcément inaccessible, ni loin de chez vous. Après tout, ce n’est pas moi, Argoul, « explorateur des pays, des questions et des humains, épris de liberté et d’anti-privilèges, amoureux des êtres et des chats », qui dépréciera votre voyage !