La république impériale, Fayard, févr. 2009 par O. Le Cour Grandmaison

Publié le 10 février 2009 par Combatsdh

Au tournant du XIXe siècle, les républicains favorables aux conquêtes coloniales ont réussi là où leurs prédécesseurs avaient échoué. Entre 1871 et 1913, les possessions françaises en outre-mer sont passées de moins d’un million de kilomètres carrés à treize millions. Quant aux « indigènes », leur nombre a progressé de sept à soixante-dix millions en 1938. Extraordinaire expansion. Elle est sans précédent dans l’histoire du pays qui, devenu la seconde puissance impériale du monde après la Grande-Bretagne, est confronté à des tâches multiples et complexes. Comment diriger un empire aussi vaste ? De quels instruments politiques, administratifs, juridiques - le droit colonial par exemple - et scientifiques la métropole a-t-elle besoin pour remplir les missions nouvelles qui sont les siennes désormais ? Quelles orientations - assimilation ou association - mettre en œuvre dans les territoires de la « Plus Grande France » ?

 Olivier Le Cour Grandmaison enseigne les sciences politiques et la philosophie politique à l’Université d’Evry-Val-d’Essonne. Il a notamment publié Les Citoyennetés en Révolution 1789-1794 (PUF, 1992), 17 octobre 1961 : un crime d’Etat à Paris, (collectif, La Dispute, 2001), Haine(s). Philosophie et Politique (PUF, 2002), Coloniser. Exterminer. Sur la guerre et l’Etat colonial (Fayard, 2005). Avec G. Lhuilier et J. Valluy. Le retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo… (Autrement, 2007).

Telles sont quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage entend répondre. En effet, les conséquences de cette construction impériale sur les institutions, la vie politique, l’enseignement supérieur et secondaire, les sciences humaines, qui voient se développer en leur sein des sciences dites coloniales consacrées par la création d’une Académie ad hoc, et la littérature mobilisée à des fins de propagande notamment, sont nombreuses. De là le surgissement inédit d’une véritable République impériale dotée de structures diverses, qui vivent par et pour les colonies, et d’un espace vital impérial jugé indispensable au développement de la métropole et à la vie de ses habitants.

Pour rendre compte de ce processus complexe et multiforme qui a longtemps affecté l’Etat et la société civile, l’auteur a forgé le concept d’impérialisation et eu recours à une approche dédisciplinarisée qui fait appel à de nombreux textes philosophiques, politiques, juridiques et littéraires.

Table des matières

INTRODUCTION

L’avènement de la République impériale ………………………………………………. 8

Politique, droit colonial et espace vital impérial …………………………………… 21

L’« expansion coloniale » : « le plus grand fait social » du XIXe siècle ..30

CHAPITRE PREMIER

LA REPUBLIQUE IMPERIALE

Désastres nationaux et périls coloniaux ………………………………………………. 36

Restaurer le « prestige français » en Afrique ……………………………………… 38

Garantir l’« avenir de la France africaine » ……………………………………….. 42

Fonder un nouvel esprit de conquête …………………………………………………….. 45

Une science politique de la colonisation ……………………………………………… 46

La colonisation : « une question de vie ou de mort » …………………………… 48

Empire, patriotisme(s) et conceptions de la République ……………………… 51

L’impérialisation de la République ………………………………………………………… 66

Des colonies à l’avènement de l’Etat impérial-républicain ………………….. 67

Etat impérial-républicain, économie et société coloniales …………………… 88

Empire, unité nationale et légitimité républicaine ……………………………….. 93

CHAPITRE II

DE L’ASSIMILATION A  LA « POLITIQUE D’ASSOCIATION »

« L’assimilation est une erreur funeste » ……………………………………….. …….109

Définition et usages d’une catégorie ……………………………………………. ………..110

Critique de l’assimilation, condamnation des Lumières ………………….. ……118

Les « droits des Français » contre les droits de l’homme ………………….. …..126

Des dangers de l’assimilation à la « philosophie » du protectorat …….. ……129

« Les colonies pas plus que les batailles ne se commandent de loin » ….. 129

Le protectorat : un régime « moins coûteux, plus sûr et plus souple » ….. 134

Colonisés-immigrés, « clandestins » et « périls migratoires » ………………. 144

Contrôler et sélectionner …………………………………………………………………………. 147

Hygiène raciale, hygiène publique et défense de la France …………………… 152

L’exception est la règle ……………………………………………………………………………. 164

Remarque 1

« Esprit colon », discriminations et passions coloniales ………………………….. 177

De l’« esprit colon » ………………………………………………………………………………….. 178

Violences symboliques, langue coloniale et discriminations …………………… 183

Mœurs coloniales et « satrapisme » ………………………………………………………….. 200

CHAPITRE III

« LUTTE POUR L’EXISTENCE », EMPIRE ET DE´FENSE DE L’EUROPE

Darwinisme impérial, « Force » et usurpation …………………………………………. 215

Du darwinisme impérial ……………………………………………………………………………. 218

Exaltation de la « Force » et relativisme moral ………………………………………. 226

De l’usurpation à la « prise de possession » …………………………………………….. 232

De la constitution d’un « régime de vérité » ………………………………………………. 245

Vérité, scientificité et légitimité ………………………………………………………………… 245

Des savoirs aux pouvoirs et retour …………………………………………………………….. 251

L’Europe contre le « péril noir », « jaune » et « rouge » …………………………… 258

Le « flot montant des peuples de couleur » ………………………………………………… 258

Immigration, ordre public et lutte contre le bolchevisme ………………………….. 266

L’Europe au service de l’« hégémonie blanche » ………………………………………. 271

CHAPITRE IV

L’EMPIRE : « LE SALUT ET L’AVENIR DE LA PATRIE »

De l’espace vital impérial …………………………………………………………………………….. 282

« Rush européen », émigration et social-impérialisme ………………………………. 284

L’Afrique : une « terre de rajeunissement » ………………………………………………… 288

Hygiène sociale, politique pénale et colonies ……………………………………………….. 297

Déverser le « trop-plein de la population » ………………………………………………… 299

De la sélection des colons, de l’émigration choisie et du rôle des femmes ….304

Récidive, hommes-déchets et transportation ………………………………………………. 315

Espace vital impérial/espace vital national-socialiste ………………………………….. 329

Espace vital impérial et exploitation ………………………………………………………….. 330

Aux origines de l’espace vital national-socialiste ………………………………………. 336

Thanatopolitique et Lebensraum nazi …………………………………………………………. 343

CONCLUSION …………………………………………………………………………….. 353

Remarque 2 (Post-scriptum)

Passé colonial et identité nationale : sur la rhétorique de Nicolas Sarkozy …..362

Index des noms de personnes ………………………………………………………………………….377

Index des noms de lieux …………………………………………………………………………………. 389

Index thématique ……………………………………………………………………………………………. 39