II.
Quand
l'été ajoure les feuilles des érables
En dentelle, et que du bleu parmi le vert
Point, tel ces lointains imaginés
Tramés parmi tout ce qui est proche,
Alors le couchant survient et dure
Au-dessus des logis écarlates du jour,
Effilant les rideaux et embrasant les vitres.
Je dis que l'on étouffe ici, dans la maison,
Et
je pousse la table au-dessous
Des voûtes en berceau de l'érable.
Même les voisins curieux ne savent pas
Si je suis l'hôte ou l'étranger ici,
Ni si ce toit d'air et de feuilles,
Petite cour du monde, est un foyer.
II.
When summer tears the maple leaves
To lace, and blue shows through the green
Like those imagined distances
Weaving through all things close at hand,
Then sunset looms for hours upon
The scarlet tenements of day
Unraveling curtains, windowpanes
Ablaze. The house is close, I say,
And move the table underneath
The arches of the maple tree.
Not even the curious neighbors know
If I am host or stranger here,
Nor if this roof of leaf and hair,
The little courtyard of the world, is home.
VII.
Le
châtaignier est malade, son écorce s'écaille
Rongée par un lichen jaune, ses feuilles se tordent et brunissent,
Et sitôt août venu tombent quand le vent se lève
A travers la cour de la ferme que nous avons louée,
Qui s'ouvre sur la route. Mais l'arbre jette encore une ombre.
Frêles
esquifs sont les feuilles que je balaie hors de la cour
Cherchant follement à dégager les dalles, mais
Des djinns hantent la route, spirales du vent
Qui tournoient aux coins de la maison, me renvoient les feuilles
En plein visage, à travers les grilles et sur les dalles bleues.
Tout
l'après-midi, j'ai attendu mon fils aîné,
Le fils errant, poursuivant sa grande ombre
Sur la crête d'une autre colline, le long du cours d'argent plombé
D'une route de campagne. Soufflant encore à la grille, les djinns
Le ramèneront-ils à bon port, à flot parmi les feuilles ?
VII.
The chestnut tree is sick, its bark scaled
By yellow lichen, leaves curled up and brown,
Falling already in August when the wind rises
Across the patio our rented farmhouse opens
Against the road. Yet still it casts a shade.
I sweep the boat-shaped leaves outside the gate,
Trying absurdly to clear the courtyard tiles, but
The road is haunted by djinn, wind-spirals
That round the house-edges, bedevil the leaves
Back into my face, past the gate, across the blue tiles.
All afternoon I've awaited my eldest son,
My wanderer, chasing his long shadow across
The crest of another hill, down the lead-silver river
Of country road. Will the djinn blow him back again
Round the gate, to the little harbor afloat with leaves ?
Emily Grosholz, Deux poèmes extraits de Eight poems / Huit poèmes, traduction Alain Madeleine-Perdrillat, William Blake & Co, 2009
Ces
huit poèmes illustrés par une suite lithographique de Farhad Ostovani sont
présentés sous la forme d'un dépliant à la japonaise. Achevé d'imprimer le 14
décembre 2008 pour le compte des éditions Alias / William Blake & Co.
Éditeurs.
Farhad Ostovani a réalisé plusieurs ouvrages en collaboration avec Yves
Bonnefoy, Louis-René des Forêts et Jean Starobinski. Il vit et travaille à
Paris. Cf édité en septembre 2008 "Farhad
Ostovani et le livre" par Yves Bonnefoy, présentation par Jérôme
Thelot, éditions Kimé, Les Cahiers de Marge. Certaines de ses œuvres sont
reproduites dans les cahiers 15 (texte de Pierre-Alain Tâche) et 17 de Conférence.
Bio-bibliographie d’Emily Grosholz
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