Quelques tranches de vies de cette journée : Sélection de quelques pertubantes.
Paiement ŕ l'acte
Un couple vient avec ses deux enfants aux consultations "Sans rendez-vous", je suis leur médecin depuis quelques années. L'homme visiblement embrumé, "grippé" s'avance en m'annonçant :
Lui: "Rica, j'ai la tęte complčtement prise, tu peux regarder ce qu'il se passe ?"
Elle: "On a appellé le médecin de garde samedi aprčs midi, 150 Euros 50 !!"
Moi: "Hein ?? Qu'est ce que c'est cette histoire ?"
Lui: "Pas sympa du tout le mec. C'est normal de payer, on lui a demander si on pouvait le payer lundi, on a pas de chéquier, et on avait pas 150 euros en liquide"
Elle: "Il nous ŕ répondu, 'Pas d'argent, pas d'ordonnance'."
Lui: "Alors je suis allé au guichet ŕ pied, avec 40 de fičvre pour aller lui chercher son pognon."
Elle: "Un vrai con ! Je lui ai donné les 150 euros. Il m'a dit 'non non non , il en manque, c'est 150 euros 50' "
Lui: "Et pour du doliprane. Si on avait su on aurait pas appellé le 15"
Ouch. Dit comme c'est dit, et raconté comme c'est raconté, je ne peux ętre que d'accord avec eux.. Je ne comprends męme pas d'ou sort ce tarif de 150 euros 50. Un samedi aprčs midi en visite , ŕ la demande du 15 c'est 52 euros. A moins qu'il ait vu toute la famille, le chien compris, ou qu'il ait compté de multiples fois les déplacements... Mais męme dans le cas ou le tarif est conventionnel (c'est la sécu qui fixe), il a pas eu une réaction de faucon.. mais de vrai.
En pratique, ce n'était qu'un syndrome grippal, mais il toussait tellement et il avait le nez tellement pris que je lui ai ajouté de quoi lui déboucher le nez, et l'empecher de tousser. Je ne les ai meme pas fait payer du coup, la honte pour la profession. ("Vous avez déja assez payé samedi")
Idées Suicidaires:
Une jeune adulte que j'ai vu pour la premičre fois il y a une dizaine de jours, les bras tout scarifiés (des entaillades cicatrisés qu'on voit chez les patient(e)s bien souvent au passé psychiatrique douloureux). Elle m'avait dit lors de la derničre consultation qu'elle se sentait "rechuté" avec des envies de mourir. Aprčs une longue consultation de "synchronisation" (dur dur de se synchroniser rapidement avec un(e) patient(e) qu'on connait pas ) , on avait appeller le psychiatre qui la suit. Elle l'a vu le lendemain. Elle est trčs particuličre dans le sens qu'elle a un profil de "mélancolie souriante" (Cf Urgences psychiatriques), elle décrit ses symptomes et "envies suicidaires" avec le sourire. La premičre que j'ai vu alors que je n'étais encore qu'externe dans un service de psychiatrie m'a marqué ŕ vie.
Elle m'appelle aujourd'hui:
Elle: "Ca va toujours pas. Je sens que que je vais faire une connerie. Est-ce que je peux prendre un peu plus de seresta ?" (le seresta est un anxiolytique)
Moi: "Heu... non. Pas comme ça non. Vous vous sentez anxieuse ?"
Elle: "J'ai surtout envie de mourir."
Moi: "C'est du coté de la prise en charge psychiatrique qu'il vous faut voir. Peut etre l'anti-depresseur ŕ changer ou autre chose, vous devriez voir avec votre psychiatre, pour une consultation ou une hospitalisation selon ce que vous souhaitez et ce qu'il veut"
Elle raccroche et me rappelle 10 minutes aprčs.
Elle: "Mon psychiatre m'a dit qu'il fallait que je vois avec vous pour mettre en place un antidepresseur, je n'ai qu'un neuroleptique et du seresta"
Moi: "Ah bon ????? Mais... Mais.. il vous a donné un nom d'antidepresseur ? Il vous voit quand ? Je peux l'appeler ?"
Elle: "Il part en vacances, et il faut voir avec le médecin traitant..."
Pitin... Merci ŕ "Mon Psychiatre". Non seulement je ne la connais pas cette jeune femme, mais le peu que j'en connais, elle en phase "critique"...
Je lui ai proposé de venir dčs que possible, et que si elle le souhaitait je pouvais contacter dčs ce soir un autre psychiatre pour qu'il l'hospitalise ou la recoive en consultation en urgence.
Plantus:
Deuxičme "retour" de la semaine de complications de grippe chez des enfants. Deux jeunes filles de 4 et 6 ans, voisine mais pas de la meme famille. La premičre je l'avais vu il y a une dizaines de jours avec une symptomatologie "viro-grippale" typique, aprčs 5 jours enrhumées, elle a commencé ŕ avoir de la diarrhée, revue ŕ ce moment lŕ, elle n'était pas alarmante. 24 heures aprčs elle se retrouvait aux urgences, il s'y était ajouté des vomissements entrainant une déshydratation importante (perfusion / rehydratation nécessaire).
La deuxičme, vu par mon confrčre en mon absence, diagnostic de grippe. La maman me rappele 2 jours aprčs, "Rica, elle est pas en forme tu sais. J'aimerais bien que tu la vois.Elle mange plus rien et boit ŕ peine".
A l'examen je retrouve une enfant bien "altérée", elle a pas le sourire c'est le moins qu'on puisse dire, elle a l'air d'ętre ailleurs. L'examen retrouve une otite bilatérale. Je la met sous antibio, mais inquiet de la voir dans cet état, (on est vendredi soir) , je demande ŕ la maman de lui faire faire une prise de sang le lendemain matin. J'ai le resultat par mail le samedi aprčs midi... patatrac: hypokaliémie / hyponatrémie / crp ŕ 150... pas jojo le bilan... infecté et déshydratée elle aussi. J'arrive ŕ joindre la maman:
Moi: "J'ai eu le bilan.. pas trčs bon. Comment elle est lŕ ?"
Elle: "Bof bof bof. Allongée sur le canapé, elle dort beaucoup, et ne boit toujours presque rien..."
Moi: "Hmm .. elle a perdu du poids ?"
Elle: "On dirait oui..."
Et ca se finit la encore aux urgences qui ont diagnostiqués d'abord une pneumopathie bilatérale, non confirmé par le pédiatre qui la voit quelques heures aprčs, puis une "grippe", puis une otite bilatérale, pour finir par une gastro entérite... Pas clair cette histoire. La petite est sortie aujourd'hui, apparemment beaucoup mieux.. mais sous antibiotique ŕ des doses anormales... Trčs paradoxal car si c'est viral... pas d'antibiotiques... J'attends le courrier pour plus d'explications.