La grisaille matinale ne nous a pas découragés ce dimanche matin: cap sur Sai Kung pour une promenade sur High Island.
Lorsque nous arrivons à Sai Kung, le marché bat son plein... mais quel marché! Les pêcheurs vendent directement depuis leur barque en contre bas de la promenade du front de mer. Chaque emplette est ensuite donnée à l'acheteur via une longue épuisette.
Dans les cales des barques, tout ne met pas en appétit. Regardez plutôt à l'intérieur de celle-ci
La tentation est forte de rester à contempler ce spectacle fascinant mais il nous reste encore du chemin avant de rejoindre le point de départ de notre balade: Tai She Wan (le point B sur la carte ci dessous).
Depuis Sai Kung, à gauche, nous devons rejoindre en sampan Tai She Wan, à 30mn environ. On négocie rapidement, histoire de ne pas perdre de temps car il est déjà 1h00 passée.
Comme on peut le voir sur cette vue satellite, High Island n'est en fait plus une île. 3 barrages ont été construits en 1980: l'un à l'est et les deux autres à l'ouest (à la verticale du point B) pour créer une réserve d'eau. Leur construction a été décidée suite à la grande sécheresse de 1958-1961. A Hong Kong, l'eau avait dû être rationnée: 4 heures d'eau courante par jour...
Au départ, la réserve était faite d'eau de mer mais une fois le barrage construit elle a été siphonnée pour être remplie d'eau douce, principalement en provenance de Chine via des pipelines (il n'y a pas de rivières sur Hong Kong). Ce sont au final pas moins de 280 millions de mètres cubes d'eau qui sont stockés ici.
Nous prenons place à bord de notre 'taxi' et sillonnons au travers des îles pour enfin commencer la promenade.
Le ciel découvre progressivement:
Et nous arrivons à Tai She Wan où siège un curieux bâtiment jaune:
Il s'agit en fait d'un restaurant dans un premier temps abandonné et aujourd'hui en cours de rénovation. Sur la terrasse se trouvent des statues de gorilles et d'éléphants, et dans une sorte de décharge à proximité une girafe et d'autres singes. Les enfants ne font d'ailleurs par les fiers
L'endroit est aujourd'hi désert et il n'y a aucune indication pour les randonneurs. Nous trouvons cependant notre chemin derrière un petit temple. Le sentier s'élève doucement et en nous retournant on découvre un joli paysage avec Sai Kung au fond de la baie et encore derrière la montagne culminante: Man O Shan.
Curisosités rencontrées en route: un arbuste à agrumes minuscules, les plus petits que j'ai jamais vus (de la taille d'une petite cerise renfermant 2 à 3 pépins et quasiment pas de chair), et un bosquet de bambous que Maxime a du tenir pour que nous passions dessous
Nous passons le sommet de la colline et redescendons vers la mer:
Au niveau de la mer, nous traversons le village de Pak A: une terrasse aux couleurs du restaurant jaspas, bondée d'expats, nous rappelle que le No Man's Land ne dure jamais longtemps à Hong Kong!!
L'activité reste limitée et certaines maisons sont abandonnées.
Une jolie plage nous tend les bras (et les ventres des plus jeunes gargouillent - il est seulement 14h30!
): nous nous y installons pour le pique-nique.De nombreux coraux morts jonchent le sable (enfin, il me semble que ce sont des coraux... que les spécialistes n'hésitent pas à corriger!):
En reprenant le sentier, nous traversons quelques minutes plus tard le village de Tung A dont l'école fonctionnait encore il y a peu, malgré l'isolement.
A Tung A, il reste quelques habitations (certaines très récentes), une paire de restaurants et le temple de Tin Hau (eh oui, encore! mais Tin Hau est la déesse protectrice des marins, ceci explique cela
).Impossible d'avoir une jolie photo du temple, ébloui par le soleil.
Le chemin gravit une autre colline et nous conduit à Pak Lap Wan, une magnifique plage:
En dépit des apparences et des commentaires dithyrambiques de mon guide, je ne vous conseillerai pas d'aller vous y baigner, en ce moment en tout cas: depuis la colline, nous observons plusieurs cordons de déchets...
Pas de déception, nous n'avions pas prévu de nous baigner: contentons nous d'admirer le paysage!
A l'extrémité de la plage se trouvent les vestiges de la jetée construite par les Gurkhas. Les Gurkhas sont originaires du Népal et ont pendant longtemps combattu dans les rangs de l'armée britannique. A l'époque où Hong Kong était encore territoire anglais, ils étaient notamment affectés à la surveillance de la frontière avec la Chine.
Pendant les travaux de l'aéroport de Chep Lap Kok, ce sont les Gurkhas qui ont travaillé à la construction du pont de Tsing Yi: ces habitués des hautes altitudes n'étaient pas sujets au vertige!
A la rétrocession de Hong Kong, certains Gurkhas sont rentrés en Grande-Bretagne, d'autres au Népal et d'autres encore sont restés à Hong Kong où ils travaillent principalement dans des sociétés de surveillance et de sécurité. En tout cas, ils ont quitté ce village, et la plupart des indigènes aussi.
Il n'y reste plus qu'une petite résidence de week end.
Colline suivante: le chemin rejoint la route du barrage. La promenade est un peu moins sympathique: de nombreux taxis verts circulent sur cette route, plutôt à 70km/h qu'aux 25 maxi autorisés. Autant dire qu'on ne se sent pas vraiment en sécurité. Etrange de voir autant de circulation ici car la route est l'une des sections du MacLehose Trail.
Heureusement, les vues sont toujours chouettes. D'un côté sur la baie que nous venons de quitter:
De l'autre, l'immense retenue d'eau:
Encore une belle journée qui s'achève:
Nous finissons en taxi pour profiter de Sai Kung avant la tombée de la nuit.
Les aquariums des restaurants sont plus impressionnants les uns que les autres:
Et le meilleur specimen pour la fin:
Il s'agit d'un limule. Cette étrange bestiole est généralement considérée comme un fossile car l'espèce n'aurait pas évolué depuis 500 millions d'années!
Ce qu'on ne voit pas sur la photo ce sont les 11 paires de pattes (charmant...) qui rappellent l'araignée ou le crabe, en version 'monstre'!
Au Vietnam, le limule est appelé le 'crabe des amoureux' car le mâle s'attache fortement à la femelle. La tradition veut donc qu'on déguste le mâle et la femelle avec sa moitié (avis aux amateurs: c'est bientôt la St Valentin
).Sinon, la bestiole intéresse fortement les scientifiques car elle ne possède pas de système immunitaire. Ses cellules réagissent en présence des bactéries et produisent un gel qui bloque l'infection. Les chercheurs étudient également sa vision, très limitée, mais dont la simplicité de l'anatomie facilite les expériences.
Enfin, dernière curiosité: le sang de limule est bleu
Pour en finir avec les bestioles: l'hiver est déjà terminé, les moustiques sont de retour...